Le ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, effectue, lundi, une visite à Madrid « à l’invitation de son homologue espagnole, Arancha Gonzalez Laya« , indique un communiqué du département algérien.
Selon le même communiqué, cette visite « s’inscrit dans le cadre des consultations traditionnelles et régulières entre les deux pays, signataires, depuis 2002, du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération« .
Placée dans le contexte actuel des relations entre Madrid et Rabat, envenimé par la position hostile adoptée par l’Espagne suite à la reconnaissance US de la marocanité du Sahara, il est clair que l’invitation du MAE algérien à Madrid déborde le cadre desdites « consultations traditionnelles et régulières« .
Il y a des signes qui ne trompent pas. Le communiqué du MAE algérien a sournoisement insinué que son pays et l’Espagne sont liés par un « Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération« , signé, -il faut le préciser-, en 2020 et donc au moment où les relations maroco-espagnoles traversaient la pire crise de leur histoire, en raison du différend autour de l’îlot Leïla qui a failli dégénérer en conflit armé entre le Maroc et l’Espagne, n’eût été la sagesse marocaine et l’intervention de l’ancien Secrétaire d’État américain, Colin Power, pour réfréner les ardeurs de l’ancien président du gouvernement espagnol, José Maria Aznar.
Il n’est donc pas exclu que l’Espagne veuille utiliser actuellement la carte algérienne dans sa « crise silencieuse » avec le Maroc, laquelle est mise en évidence par le report sine die de la Réunion de haut niveau (RHN), prévue initialement le 17 décembre 2020.
Si côté espagnol, rien n’indique encore que les discussions entre la MAE espagnole et son homologue algérien ont concerné la question du Sahara, serpent de mer des relations maroco-espagnoles, il est certain que la partie algérienne tentera d’inscrire cette question à l’agenda du « dialogue politique » bilatéral. Le communiqué du département Boukadoum a d’ailleurs précisé que sa visite visait à « développer davantage le dialogue politique et le partenariat stratégique entre les deux pays sur l’ensemble des questions et dans tous les domaines d’intérêt commun, notamment dans le contexte global actuel marqué par des crises pluridimensionnelles ».
Selon les observateurs, l’Espagne voit d’un oeil inquiet le développement soutenu des relations entre le Maroc et les États-Unis, notamment sur le plan militaire et du renseignement.
Une chose cela étant reste sûre: en tentant d’utiliser la carte d’Alger contre le Maroc, Madrid se range du côté des perdants.
Tant pis…