L’ambassadeur du Maroc en Espagne, Karima Benyaich, a été convoquée hier soir, par la Secrétaire d’État espagnole aux Affaires étrangères, Cristina Gallach, pour lui demander « des éclaircissements » au sujet des propos tenus le 19 décembre dans une interview à la chaîne de télévision « Achark », par le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, concernant la marocanité de Sebta et Melilla.
Le recours à cette « forme de protestation diplomatique » -convocation de l’ambassadeur du Maroc- a surpris par son caractère disproportionné, la position officielle marocaine concernant Sebta et Melilla étant connue, assumée et, du coup, les propos d’El Othmani n’apportent rien de nouveau, en dehors de ce qui est affirmé et réaffirmé par le Maroc, Roi, peuple et gouvernement, concernant la marocanité de Sebta et Melilla.
Il en ressort que cette convocation diplomatiquement inappropriée, cache d’autres raisons que ce qui a été affirmé dans le communiqué du MAE espagnol, appelant à un supposé « respect de l’intégrité territoriale du royaume d’Espagne »!
C’est un secret de polichinelle: le Maroc est une « affaire » de politique intérieure en Espagne. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la convocation de l’ambassadeur Karima Benyaich a été décidée par le gouvernement présidé par le socialiste Pedro Sanchez, aussitôt après la sortie médiatique, hier en fin d’après-midi, du SG du Parti populaire (PP, opposition), Pablo Casado, pour appeler à une riposte aux propos tenus le 19 décembre par M. El Othmani.
Le PP, tout comme le parti xénophobe VOX (extrême-droite) présidé par Santiago Abascal, reprochent à l’actuelle coalition de gauche, d' »affaiblir » la position de l’Espagne vis-à-vis du Maroc, surtout après les percées diplomatiques réalisées sur le dossier du Sahara, dont l’Espagne s’est toujours servi comme instrument de pression voire de chantage à l’encontre du Maroc.
Ce n’est pas un hasard non plus si la MAE espagnole s’est fendue d’une déclaration agressive, au lendemain de l’annonce de la décision US de reconnaître la souveraineté pleine et entière du Royaume sur ses Provinces sahariennes. Arancha Gonzalez Laya avait affirmé sans sourciller que « l’Espagne avait des intérêts étroits au Sahara occidental ».
Une déclaration qui aurait mérité à tout le moins un rappel à l’ordre de la part du département Bourita, quand on sait que cette déclaration est contraire à la position officielle de l’État espagnol, laquelle s’aligne sur celle de l’ONU et les résolutions du Conseil de sécurité appelant à une solution politique basée sur le réalisme, le pragmatisme, au conflit créé autour du Sahara marocain.
La sortie de la MAE espagnole trahit des visées jusque-là inavouées sur le Sahara marocain, elle n’a pas pour autant pas nécessité une convocation de l’ambassadeur d’Espagne au Maroc.
Mais passons, car la convocation de l’ambassadeur du Maroc interpelle aussi par son timing. Elle est intervenue à la veille du premier vol commercial direct d’Israël au Maroc, attendu ce mardi 22 décembre à Rabat avec à son bord, une importante délégation américano-israélienne conduite par le conseiller principal du président Donald Trump. Un timing qui laisse penser qu’il y a à l’autre bout de la frontière nord du Maroc, une volonté de « parasiter » la reprise des relations maroco-israéliennes, avec ce que cela comporte de retombées économiques et militaires indéniables pour le Royaume du Maroc.
En effet, l’Espagne voit d’un oeil inquiet les transformations majeures que connaît la carte géopolitique régionale, avec l’entrée désormais d’un acteur majeur qu’est Israël, aux côtés du Maroc, avec le soutien de la première puissance mondiale, les États-Unis d’Amérique.