En tournant le dos à la Kasbah historique des Oudayas et à la marina de Rabat, on aperçoit d’emblée la rue des Consuls, le couloir historique et le pont de passage vers le reste de l’ancienne médina de Rabat, dans laquelle les représentants des missions de pays étrangers se sont installés depuis le 17e siècle et qui est devenue une artère commerciale florissante.
A 10H30, les portes en bois des magasins s’ouvrent successivement, dans l’espoir de recevoir des clients qui se retrouveront dans cette rue, considérée parmi les plus célèbres allées marchandes de la capitale pour le commerce de tapis et divers produits en cuir et un passage incontournable dans la visite touristique de la capitale.
Les tapis colorés installés sur les devantures des magasins et les artefacts du souvenir sont alignés dans une combinaison de couleurs vives, attirant les yeux du visiteur pour découvrir les parties cachées de l’ancienne médina.
Au début, une activité diplomatique intense
Le spécialiste des musées et du patrimoine et professeur-chercheur à la faculté des lettres et des sciences humaines -Université Mohammed V de Rabat, Mohamed Said El Mortaji, a indiqué que l’origine du nom de la rue des Consuls renvoie à une étape historique qui a défini la stabilité des corps consulaires et la résidence des délégations étrangères dans cet espace.
Dans une déclaration à la MAP, le spécialiste a relevé que le nom de la rue est effectivement apparu au début de la période du protectorat, considérant que l’exploration de l’histoire de la rue nécessite de la comprendre dans son processus historique, car il s’agit d’une extension du premier noyau de la ville islamique de Rabat situé en arrière-plan de la rue, représenté par la Kasbah des Oudayas.
Le chercheur fait également remarquer que la rue se distingue par son emplacement stratégique, à proximité du port et souk « al-Ghazl » adjacent à la kasbah, qui était à la fois un marché de vente de laine.
Activité commerciale d’aujourd’hui, une extension naturelle d’une ancienne histoire
Aujourd’hui, la rue des consuls est un espace de référence pour le commerce des produits de l’industrie traditionnelle, attirant les visiteurs marocains comme étrangers pour découvrir les trésors de l’artisanat traditionnel qui abondent dans cet espace, notamment des tapis traditionnels, des produits en cuir, des bijoux, du bois et des pierres sculptées.
Le professeur El Mortaji estime que les activités commerciales pratiquées aujourd’hui dans la rue des consuls représentent une extension naturelle de l’histoire de la rue et du rôle qu’elle a joué. Au fil du temps, il y avait un groupe de bâtiments, d’hôtels, de mosquées, de coins et de bâtiments habitables sur les côtés de la rue.
À cet égard, les hôtels ont joué un rôle fondamental dans l’histoire de l’ancienne médina de Rabat, car ils abritaient initialement des voyageurs et stockaient des marchandises, puis ont tourné vers des activités artisanales.
Pour protéger la mémoire, le devoir d’équilibrer un riche patrimoine
La rue des Consuls est riche d’une charge historique importante qui éclaire une partie importante de l’histoire de l’ancienne médina de Rabat, et surveille la relation étroite qui s’est établie entre les activités artisanales et commerciales d’une part, et l’activité diplomatique entreprise par la rue au fil des siècles, et ce grâce à sa position stratégique distinguée qui en a fait un lien entre la Kasbah historique des Oudayas et le port.
Dans ce contexte, le professeur El Mortaji considère que les espaces historiques, à savoir les ruelles et les bâtiments historiques, sont chargés d’une histoire importante qui contribue à relier les habitants de la ville à son identité.
Et de poursuivre que les projets de réhabilitation et de restauration que connaissent plusieurs espaces historiques, dans différentes parties du Royaume, revêtent une importance particulière pour encourager l’activité touristique dans ces ruelles et rues artisanales.
Par ailleurs, le chercheur dans le domaine du patrimoine appelle les acteurs concernés à ne pas modifier les caractéristiques de ces bâtiments et tissus urbains anciens.
Selon lui, la réalisation d’un développement économique basé sur la valorisation de l’ancien patrimoine nécessite l’implication des habitants de ces espaces historiques et des artisans qui y exercent des activités commerciales, et ce à travers la formation, dans l’objectif de les informer de leur histoire et de l’importance de son valorisation afin de réaliser le rayonnement touristique et économique de ces espaces.
Par ailleurs, il ajoute que tout projet de développement qui vise à préserver le patrimoine et à encourager le tourisme doit faire appel à l’assistance de spécialistes de l’histoire en général et de l’histoire de l’art et de l’architecture en particulier, en plus des acteurs de la société civile pour que ces monuments historiques et ce patrimoine authentique ne soient pas dénaturés.