POUR UN NOUVEAU DIALOGUE CITOYEN

À l’image de tout ce que nous vivons aujourd’hui, nous avons besoin encore une fois d’une dose de logos dans notre perception des choses d’un coté et de sa conception d’une autre. A présent, notre devenir rime avec les mots tels qu’incertitudes, peurs, échecs, dépressions, stress, contaminations, et j’en passe. Que faire alors pour vaincre ces visions à tendance pessimistes, comment répondre à cette crainte de l’inconnu, à la montée de la violence et la crainte d’un monde de citoyens de plus en plus mal éduqués et mal traités.

Il est donc temps de prendre notre destin en main, de répondre aux fragilités de nos territoires du vécu à travers l’écoute, le dialogue et la réflexion qui mènent à construire des actions durables à impact défini, voici donc quelques moments de réflexion que je vous propose en partage.

Des citoyens qui pensent

C’est une condition sin qua non pour réussir le passage d’une société de médiocratie à une société de méritocratie. Quand on arrive à préparer toute une génération de citoyens capables de penser aux questions de société avant de les juger, de convaincre par le dialogue, l’échange et par la raison. Quand on lutte pour que citoyenneté formalise cette capacité des acteurs citoyens à actionner les leviers d’une société accès sur le mérite.

De ce fait, la question du mérite est un produit d’une citoyenneté active, qui ne se lasse pas, qui cherche à faire advenir des normes de mérite, et qui ne se réduit pas à des formes d’élitisme, elle puise son sens dans l’appropriation de cette norme quel que soit l’ascenseur social, et de là nait une forme indispensable du changement par la pensée ; si on arrive à décortiquer les éléments qui composent cette apologie de citoyens qui pensent, nous pourrions déconstruire les faits et reconstruire nos liens dans nos espaces.

 

Réinventer les espaces publics

Pour répondre à cette apologie du penser toujours, ou de penser citoyenneté, et puis des citoyens qui pensent, nous avons besoin de réinventer nos espaces publics, de permettre des services culturels qui absorbent le chômage de pensée chez le citoyen. Il faut que l’Etat double son effort pour que ces espaces culturels se multiplient, se diversifient et se donnent à l’art, la lecture, à l’écriture, au théâtre, à la musique et à toute forme culturelle et les pousser dans tous nos territoires.

En effet, ces espaces existent, il faut les réinventer, les financer, soutenir les initiatives qui permettent d’inculquer à toutes les générations et à tous les âges que le changement est possible, et que ca vient de la culture.

 

Des réseaux (sociaux) qui influencent

De l’Homo Copiens. Essai sur « le nouveau » jeune et le savoir dont parlait l’écrivain et penseur Abderahim KAMAL à la Netoyenneté dont évoquait à plusieurs reprises le sociolinguiste quand il a parlé de la citoyenneté positive à l’occasion de l’Agora au café de Renaissance avec le club de pensée LOGOS. Tout change autour de nous et vite, le lien Virtuel/Réel se métamorphosent et donnant lieu à de nouvelles formes d’appropriation du sens du commun. Nous avons tendance à trouver dans nos espaces publics comme exactement dans le privé des espèces de bipèdes courbés sur leurs téléphones, connectés avec le reste du monde. Ceci nous a donné une forme de citoyens qui ne pense pas, consomme le prêt à porter du web, complètement déboussolée, perdue et sans aucun projet de vie.

 

Pour des résiliences culturelles

Devant ces réalités qui nous invitent à un désir de sens et pour paraphraser SPINOZA, « le désir est l’essence de l’Homme », il y a besoin plus que jamais de vivre ces crises, ces bouleversements où le non-sens contribue lourdement à les garnir par des formes de violence sectaires qui contribuent à freiner le développement culturel. Pour dépasser ces formes qui conduisent à la peur, à l’inquiétude et à l’incertitude, il faut créer des résiliences culturelles. Mais, elles doivent absolument être portées par les pairs, par celles et ceux qui peuvent actionner les leviers de résiliences territoriales par la culture. Au Maroc, elle n’est pas une, elle est plurielle, nous parlons des cultures. C’est sans doute aucun que les citoyens sont aussi responsables de ce que peuvent devenir leur société. Au Sud comme au Nord, cette forme de résilience est appelée à changer les paradigmes notamment par le dialogue.

 

Le dialogue pour dépasser la crise

Nombreux sont ceux qui tendent à dire que le temps accuse le dialogue de n’aboutir à aucun résultat. Cette idée est vraie quand on inscrit ces questions dans le temps court du dialogue. Or, la pertinence veut qu’on interroge le temps long qui permettra sans aucun doute de lire la problématique du dialogue en fonction de l’espace et sur la base d’un retour d’expérience qui favorise la mise en scène des cas permettant de se rendre compte de la complexité de la crise à laquelle fait face une société.

Longtemps, nous avons considéré la crise des valeurs comme une des crises qui nous conduira au chaos. Nous y sommes mais le dialogue ne suffit pas à lui seul à nous permettre de dessiner des horizons nouveaux de changement. Il faut trouver ce qui présente un output du dialogue ; user d’une intelligence collective parsemée d’une action organisée, pérenne, prometteuse, libératrice de formes nouvelles d’innovation et de leadership. Nous sommes à la croisée des chemins, à la fois pour nourrir cette crise à dimension humaine par d’autres formes d’actions afin que nous puissions nous en sortir !

Tarik Akdim, président du LOGOS et Directeur de Rédaction de la Revue Adrar Voice