Le déclin de la pensée…

Loin du concept de l’homo œconomicus, représentation théorique du comportement de l’être humain à l’ère capitaliste, arrêtons-nous un instant sur la place de l’humain dans notre société marocaine actuelle.

Au-delà des discours, rarement grandiloquents et souvent opportunistes de certains dont l’audience est plus ou moins étendue, le marocain moyen est plus que jamais désorienté en l’absence de repères « moraux » à la probité incontestable.

Depuis l’Agora grec, concept démocratique assez restreint, le devoir d’une certaine élite vis-à-vis du peuple est celui d’éclairer et d’orienter voire convaincre sur les questions cruciales d’un avenir commun.

En cette année 2020, où l’agora -en usant d’un raccourci simpliste- est représentée par les médias traditionnels et plus ou moins nouveaux (digital donc) ; le rôle indispensable d’un cinquième pouvoir moral est d’autant plus pressant au milieu d’une information facilement diluable au temps d’une désinformation chronique.

Les influenceurs, notamment les jeune, remplissent en partie ce vide laissé par nos intellectuels et penseurs, démissionnaires actuels vis-à-vis d’une critique sociopolitique qui reste l’un des baromètres d’une société sereine.

Ces jeunes en usant ou abusant du langage usuel tentent d’éclairer sur les questions qu’ils estiment d’importance ; reflet parfois d’un réel engagement citoyen tentant de contrecarrer à tort ou à raison les velléités hégémoniques d’une parole uniformisée, qui est le lot de tout centre de pouvoir.

Mais ceci ne devrait pas être que le lot de personnes souvent mal outillées au niveau académique, puisque nos silencieuses élites, si tant est qu’elles existent, sont à quelques rares exceptions près absentes.

De grec elles n’ont que les calendes, oubliant ou omettant volontairement peut-être les idéaux qui ont façonné notre monde contemporain, de démocratie, de libre pensée ou d’expression,  préférant aux prises de position citoyennes une tacite approbation.

Y-a-t-il des intellectuels dans la place ? Quels sont les raisons de ce silence néfaste ? Le positionnement de notre « Nokhba » (élite) n’en est que plus dramatique puisqu’il n’est ni neutre ni synonyme de probité.

Le terme « élite » vient certes de electus du verbe latin eligere, signifiant extraire, choisir ; qui lui-même a donné forme au terme « Élection » ; mais nous le savons, notre classe politique n’a fort heureusement pas l’apanage de l’élitisme.

Un élitisme dont nos reconnus ou autoproclamées intellectuels gagneraient à assumer les responsabilités et devoirs y afférant ; auquel cas le vide restera comblé par certaines têtes mal pensantes.