« L’expérience du Maroc en matière de lutte contre les menaces terroristes: indicateurs de succès et possibilités futures ». Tel est le titre d’une étude réalisée par Emirates Policy Center, un think tank émirati, basé à Abu Dhabi, sur la stratégie élaborée et mise en oeuvre par le Maroc pour neutraliser la menace terroriste.
«En 2020, les services de sécurité marocains ont réussi à limiter la menace sécuritaire posée par les organisations extrémistes et terroristes », constate le think tank émiratie, relevant que « cette réussite a été réalisée malgré le contexte régional complexe, en particulier dans les zones voisines directes suite à la propagation des effets du conflit libyen, le le mouvement des combattants à travers la frontière tunisienne, les tensions de longue date avec l’Algérie et l’escalade croissante des activités terroristes dans la région du Sahel subsaharien ».
Emirates Policy Center relève que le Maroc a réussi là où plusieurs « partenaires européens » du Royaume ont échoué. « Au cours des dernières années, les partenaires européens du Maroc, en particulier la France et l’Allemagne, ont échoué à plusieurs reprises à empêcher des opérations terroristes menées à la fois par de petits groupes organisés et par des individus sans lien organisationnel clair avec des groupes extrémistes« .
« Le modèle marocain de lutte contre les groupes violents et terroristes, en particulier l’État islamique (EI) et Al-Qaida au Maghreb islamique, est l’un des très rares cas de mécanisme de prévention des menaces à la sécurité nationale », relève encore le this tank émirati.
«La plupart des États arabes ont, en revanche, adopté une approche curative pour faire face aux conséquences du terrorisme (c’est-à-dire rétrospectivement, une fois que l’impact s’est accru), en particulier après le mouvement révolutionnaire de 2011 et le conflit armé qui s’est ensuite propagé dans plusieurs États arabes », fait-il observer.
Les secrets de la réussite des services marocains
Emirates Policy Center met en exergue l’excellent travail d’anticipation et de prévention antiterroriste, articulé comme suit:
1-Adapter les services de sécurité à l’évolution des modèles de menaces terroristes: la politique de sécurité marocaine est devenue plus coordonnée et adaptative, note le think tank émirati, citant en exemple le Lancement du programme « Hadar » (vigilance) en 2014; la création du Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ en mars 2015 et, last not least, la ratification de la loi sur la cybersécurité…
2. Renforcer l’ouverture politique aux forces opposées: la relative ouverture du Maroc aux différentes forces politiques explique sa capacité à contenir l’influence du mouvement révolutionnaire arabe à l’intérieur du pays et à réduire l’intensité des manifestations qui ont débuté le 20 février 2011.
3. Restructuration de la sphère religieuse: le Maroc tente d’éradiquer l’extrémisme religieux en s’attaquant aux facteurs sous-jacents qui poussent les individus à rejoindre des groupes extrémistes et terroristes, notamment en réorganisant les entités religieuses de l’État pour protéger les citoyens de l’extrémisme et du contenu du discours religieux et en examinant les contenu des sermons du vendredi.
4. Assurer le suivi des anciens détenus dans la communauté: Le gouvernement marocain se rend compte que certains prisonniers peuvent avoir été radicalisés et avoir besoin de réhabilitation pour la phase post-condamnation. Le programme Musalaha (« réconciliation »), qui a débuté en 2017, traite des détenus en cas de terrorisme et d’extrémisme et est supervisé par la Délégation générale pour l’administration pénitentiaire et la réintégration.
5. Intensification de la coopération sécuritaire avec les États régionaux voisins: le Maroc se présente aux diverses parties internationales et régionales – que ce soit dans la région du Sahel, dans les pays voisins d’Afrique du Nord ou les partenaires méditerranéens en Europe – comme un allié important dans la lutte contre le terrorisme et l’immigration irrégulière.
Le Maroc semble être un îlot de stabilité dans une région en conflit; cela a renforcé la position des services de renseignement du pays, qui ont fourni des informations à leurs homologues dans plusieurs pays occidentaux, souligne le think tank émirati.