Les médecins de la santé publique ne décolèrent pas et décident d’organiser une autre grève de protestation les 4 et 8 novembre, des sit-in locaux et régionaux ainsi que des marches nationales massives vers le Parlement. Ces héros qui luttent vaillamment, depuis des mois, contre le coronavirus avec des moyens de bord en risquant leur vie ne déserteront pas le front et continueront à s’occuper des services de réanimation et d’urgence.
Dans un communiqué, le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMS), déclare : « Nous comptons rester en première ligne pour lutter contre la pandémie, mais nous tenons à ce que notre dossier revendicatif soit traité par la tutelle ». Un cahier revendicatif qui dort depuis des années dans les tiroirs du gouvernement sans que les responsables daignent le traiter malgré les multiples manifestations de protestation des médecins.
Pourtant, les soignants ne revendiquent pas la lune à part la révision de l’indice salarial 509 correspondant à un doctorat, la réglementation des gardes, le droit à la mutation, à la démission et à la retraite anticipée, entre autres. C’est terrible car au moment où les médecins du monde qui luttent contre cette pandémie sont plébiscités et encouragés, personne chez nous ne daigne leur reconnaître ces sacrifices.
En France, pendant le confinement, les habitants sortaient, chaque soir à 20 heures, sur leurs balcons pour leur rendre hommage en les applaudissant. Voire la patrouille de France de l’armée de l’air a survolé le CHRU de Nancy pour rendre hommage aux blouses blanches.
Chez nous, notre système était tellement précaire que l’on a vu et entendu (via les réseaux sociaux) des médecins en pleurs qui clamaient qu’ils n’avaient plus où mettre les malades covid-19 faute de lits de réanimation et de personnels soignants. Ce qui est encore plus aberrant, c’est que le gouvernement et encore plus le ministre de la Santé ont affiché une ingratitude totale envers ces héros.
Ni Saad Eddine El Othmani, ni Khalid Ait Taleb n’ont daigné prononcer des mots d’encouragement à ces soldats en blouse blanche. Pis encore, plusieurs médecins et professeurs sont décédés après avoir été contaminés au virus sans qu’on leur rende hommage, ou qu’on fasse état de leur sacrifice dans les médias publics.
On comprend aujourd’hui pourquoi 600 médecins quittent chaque année le Maroc pour émigrer vers d’autres cieux plus cléments où ils sont mieux rémunérés et mieux considérés. A ce rythme, il n’y aura plus de médecins au Maroc dans un avenir proche.
D’autant que l’Union européenne, débordée par le coronavirus, vient d’assouplir les conditions de recrutement des médecins et comptent embaucher des milliers de soignants en provenance des pays du Maghreb et notamment du Maroc.