Le discours de SM le Roi Mohammed VI, vendredi en ouverture de la session parlementaire, marque une prise de conscience aiguë de la nouvelle réalité, celle d’une crise sanitaire qui a mis à mal des pans entiers de l’économie et de larges franges de la société.
Un évènement qui fait date tant et si bien qu’il intervient au plus fort d’une pandémie, face à laquelle le Souverain déploie, sans attendre, les grands moyens en passant désormais à l’opérationnalisation de la réponse royale, dont les contours ont été déjà tracés dans le discours du Trône.
En première ligne contre la crise du Covid-19 et ses impacts économiques et sociaux, Sa Majesté a pris à cœur ce combat national avec tout ce qu’il implique comme grandeur et symbolique. En témoigne d’abord l’annonce du lancement opérationnel du Fonds d’investissement stratégique baptisé « Fonds Mohammed VI pour l’Investissement », avec une contribution de 15 milliards de dirhams du budget de l’État.
L’ambition royale dote le Maroc de son « Plan Marshall », conçu comme un bouclier de protection contre les méfaits directs et les séquelles d’une crise qui freine bien des secteurs et génère tant de déficits, avec un impact négatif sur l’emploi.
En clair, le discours royal est révélateur d’une analyse implacable du nouveau contexte avant de mettre en place et formaliser une entreprise de sauvegarde de la santé collective et du potentiel économique du pays.
Ce constat est d’autant plus vrai que la priorité est accordée aux petites et moyennes entreprises dont la continuité et la capacité d’investir ouvrent la voie au maintien et à la création d’emplois et de sources de subsistance.
Mais au-delà de l’aspect lié aux subventions, aussi vitales soient-elles, l’engagement royal à conférer un cadre contractuel au plan de sauvegarde, en spécifiant les droits et obligations de chacune des parties, relève d’une vision à la fois pragmatique et ambitieuse.
Ce dispositif de relance vient accompagner les grands chantiers de portée nationale, consacrer et outiller des mécanismes déjà lancés pour venir en aide aux entreprises, dont plus de 20.000 ont eu accès aux prêts garantis par l’État pour un montant de 26,1 milliards de DH.
En plus des PME, les domaines prioritaires sont l’innovation, les créneaux à fort potentiel, les infrastructures, l’agriculture et le tourisme. Autant dire qu’il s’agit d’une action colossale initiée au plus haut niveau de l’État qui positionne le Royaume sur une échelle mondiale.
Résolument stratégique, la vision royale ne lésine pas sur les moyens pour offrir à l’économie les meilleurs atouts de résilience, tout comme elle se souci de la protection sanitaire du citoyen.
Autre secteur clé placé au cœur du plan de relance, l’agriculture dont une bonne partie de la population tire sa subsistance. D’où la détermination du Souverain à consolider la résilience de l’activité agricole et à mener à terme les grands projets agricoles, une détermination qui n’est pas du tout fortuite.
SM le Roi évoque, à cet égard, la vaste opération de mobilisation d’un million d’hectares des terres agricoles collectives, au profit des investisseurs et ayants-droit pour près de 38 milliards de DH sur le moyen terme.
Dans cette dynamique d’ensemble, l’amélioration de la condition sociale du citoyen n’est pas en reste. L’accent est mis en effet sur la généralisation de la couverture sociale que le chef de l’État appelle de ses vœux au profit de tous les Marocains.
C’est justement dans cette perspective que le Souverain appelle à des concertations élargies avec tous les partenaires en vue de créer un organe unifié chargé de superviser les régimes de protection sociale.
La crise induite par le Covid-19 étant généralisée, l’approche royale interpelle tout le monde, dont les parlementaires, à se hisser au niveau de l’étape actuelle au service de l’intérêt national supérieur.
Une invite passionnée au travail et, au-delà, une leçon royale. Tel est l’engagement pris dans le discours sous forme de mesures bien définies mettant en synergie les énergies et n’excluant aucune audace.