Depuis le départ d’Abdelhamid Akkar, au profit d’Abderrahim El Allam, il y a maintenant 11 ans, jour pour jour, les écrivains demeurent sans voix, ni réelle représentativité. La seule structure censée les représenter est sans âme, ni réel impact sur la société, malgré le statut d’utilité publique qui lui a été octroyé en 1996.
L’Union des écrivains du Maroc, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, n’arrive toujours pas à tenir son congrès, pour élire un nouveau bureau dirigeant et un nouveau président, en remplacement de l’écrivain Abderrahim El Allam qui a battu tous les records de longévité à la tête de cette structure.
Du jamais vu dans les annales de cette association transformée en « chasse gardée au profit des copains et… des coquins », au mépris de ses principes fondateurs, le débat d’arguments, l’agitation d’idées pour donner du rêve et fabriquer l’avenir, éveiller les consciences et éclairer les esprits…
Autant d’idéaux intrinsèques au métier d’écrivain que l’UEM a perdus en cours de route, durant ces trois longs et infructueux mandats…
Mais voilà, il s’avère que l’UEM n’est pas encore sortie de l’auberge. Il y a une semaine, le bureau dirigeant sortant a fait une volteface déconcertante en annonçant, via un communiqué, son rétropédalage sur sa démission annoncée il y a deux ans, lors du fameux congrès tenu en 2018 à Tanger, qui s’est soldé par un échec retentissant.
Un échec que la commission alors constituée à l’effet de préparer un nouveau congrès peine toujours à surmonter, et ce n’est surtout pas la volteface de M. El Allam et compagnie qui va lui faciliter la tâche pour solder une crise qui risque de s’installer dans la durée.
Une crise structurelle que rien ne justifie toutefois, sachant que l’UEM a été reconnu d’utilité publique en 1996 et bénéficie depuis de la subvention du ministère de la Culture. L’UEM, à l’opposé d’autres structures associatives, bénéficiera aussi d’un siège flambant neuf, édifié dans le quartier chic de Rabat, Hay Ryad, « Dar Al-Fikr » (Maison de la Pensée), constitué de salle de conférences, d’un réfectoire, etc.
Si l’État s’est acquitté de l’obligation de moyens, l’actuelle direction de l’UEM n’a pas su se hisser à la hauteur pour remplir son obligation de résultat. Une vérité qu’elle ne semble pas regarder de cet oeil lucide, quitte à mettre en danger l’existence même de cette structure qui a dévié dangereusement de sa mission de départ, de porte-voix pour les sans voix, de rempart contre toutes sortes de dérives politiques, de contre-poids face aux dérapages sociétaux, de garde-fou contre l’inculture ordinaire rampante et l’ignorance qui fait le lit de l’obscurantisme.