
Par: Mohamed Khoukhchani

Le Maroc que nous voyons évoluer aujourd’hui en Coupe d’Afrique des Nations n’est plus une sélection obsédée par le calcul et la survie, mais une équipe portée par un projet clair, assumé et progressivement maîtrisé. Le succès face à la Zambie, au-delà du score, s’inscrit dans une dynamique de transformation profonde.
Pendant longtemps, les Lions de l’Atlas ont abordé la CAN avec prudence excessive, dépendants d’exploits individuels et fragilisés par le doute dès les matchs à élimination directe. Le talent était là, parfois même l’ambition, mais rarement la continuité et la maîtrise collective.
Un tournant s’est opéré depuis la Coupe du monde 2022. Le Maroc joue désormais avec une conscience de sa force, une identité affirmée et une capacité nouvelle à imposer le tempo. Face à la Zambie, le rythme élevé, la maîtrise tactique et la sérénité mentale ont illustré cette mutation.
Le retourné spectaculaire d’Ayoub El Kaabi symbolise cette évolution : une équipe qui ose, qui crée, qui cherche à tuer le match plutôt qu’à le contenir. De même, la gestion mesurée du retour d’Achraf Hakimi révèle un encadrement désormais guidé par la durée de la compétition et non par l’urgence du résultat.
Ce Maroc-là n’est pas seulement mieux organisé ; il est mieux préparé mentalement. Il sait attendre, souffrir si nécessaire, et frapper au bon moment. Mais le plus dur reste à venir. Être favori impose une pression constante, souvent plus lourde que celle de l’outsider.
Les titres se gagnent rarement sur la beauté du jeu seule. Ils se conquièrent dans la gestion des détails, des temps faibles et des matchs pièges. Si le Maroc maintient ce cap, il n’est plus seulement un prétendant crédible : il devient un candidat légitime à une consécration attendue depuis près d’un demi-siècle.





