Le média électronique « Le Collimateur » a publié le 6 juillet 2020 une boutade qui a, pour quelque temps, agité non seulement le microcosme médiatique jusqu’en France, mais aussi l’opinion publique marocaine et probablement algérienne aussi. Cette boutade a consisté en la publication d’une information que le contexte politique et géostratégique exclut totalement. Il s’est agi en effet de l’annonce de l’improbable visite au Maroc au mois d’août 2020 du président algérien.
Certes, un tel événement est quasi impossible dans les circonstances qui prévalent entre les deux pays et sa réalisation relèverait du miracle divin. L’auteur de l’article, me semble-t-il, en s’autorisant cette hardiesse, ne le fit pas par désir de prendre de la liberté à l’égard du devoir de vérité, mais il voulait frapper les esprits et réveiller les consciences pour qu’elles prennent la mesure de l’état exécrable dans lequel sont confinées les relations entre les deux pays. La preuve est qu’il a fait suivre son affirmation d’un démenti qu’il a matérialisé par l’expression « C’EST ARRIVÉ DEMAIN ».
Cette phrase sur laquelle il a fait chuter son texte, il nous a expliqué dans un article ultérieur, il la voulait pleine d’une telle charge de négativité qu’elle soit capable d’anéantir chaque mot que son article contient. Ainsi, le but de cette fameuse phrase érigée en conclusion ultime était de désamorcer l’information canularesque qu’il a livrée et de guider le lecteur vers le message « subliminal » qu’elle véhiculait, à savoir éveiller les bonnes consciences à la subreptice escalade qui en ce moment caractérise les relations maroco-algériennes.
J’avoue que comme probablement beaucoup de lecteurs, je n’ai pas donné à cette phrase la signification que son auteur voulait lui donner. Mais que suis-je pour prétendre à une large connaissance de la langue française et ses subtilités ? Aussi, n’est-il nullement question de ma part d’énoncer un jugement à propos de la manière dont l’auteur s’y était pris et encore moins de l’incriminer de fake-news. Son intention était bonne et il a le mérite d’avoir touché d’un doigt brûlant la phase critique par laquelle passent en ce moment les relations entre deux pays que seule la politique politicienne à relents concurrentiels et la nature envieuse de certains dirigeants séparent. Son grand mérite c’est aussi d’avoir mis sous une lumière crue l’importance capitale que chaque Marocain et probablement aussi chaque Algérien accorde à une bonne entente entre les gouvernements des deux pays.
Une entente valorisée uniquement par ce qui les unit afin que la paix et la tranquillité gagnent des esprits et des âmes qui aspirent à retrouver la symbiose et les sentiments fusionnels qui imprégnaient les relations entre les deux peuples ou devrais-je dire le peuple de part et d’autre d’une frontière qui n’existait auparavant que sur les documents officiels.
Enfin, cet article taxé de fake-news, mais qui ne l’était devenu que parce que beaucoup de ses lecteurs ont failli à leur devoir de joindre à la lecture littérale l’examen et l’analyse, a un autre mérite. Il consiste à avoir mis en exergue la place qu’occupent les relations entre le Maroc et l’Algérie dans la politique étrangère européenne en général et française en particulier.
La trop officielle Agence France Press (AFP) s’est emparée immédiatement de l’information en la prenant au pied de la lettre. Ce qui montre que l’entente entre les deux pays représente un enjeu majeur pour les autres, alors que beaucoup de responsables décideurs dans la région remplis d’une fatuité démesurée s’acharnent à aller à contresens de l’histoire et des intérêts du peuple maghrébin. Leur regard s’arrête à hauteur de leur nombril.
Il y a certainement d’autres façons plus directes et surtout accessibles à tous les esprits pour dénoncer cette supercherie entretenue à coup de slogans et faux principes pour faire perdurer une injustice flagrante contre les peuples marocain et algérien, mais quand l’intention est louable, pêcher par excès ou par défaut n’enlève rien au mérite de l’action. Il ne faut surtout pas croire que l’enfer est toujours pavé de bonnes intentions.