Le sujet qui brûlait les lèvres lors du point de presse de M. Bourita, hier lundi à Rabat, est le projet mort-né de «partition du Sahara» que Staffan de Mistura a sorti de son chapeau pour tenter de le «revendre» aux parties au conflit, alors qu’il a été rejeté par le Maroc il y a plus de 20 ans.
M. Bourita a été à ce sujet ferme et catégorique. «Le Sahara, l’unité du Maroc et son intégrité territoriale n’ont jamais été sur la table des négociations, ni objet d’ententes et de compromis ». Poin(g) à la ligne.
Mais est-ce là le fond de la question ? M. Bourita (vous verrez plus tard) a levé le lièvre en pointant le non-dit dans les paragraphe 16/17/18/19 du rapport de M. de Mistura au Conseil de sécurité.
Qu’a demandé M. de Mistura dans son rapport ?
«Permettez-moi donc, dans un esprit de franchise totale, d’être plus précis sur certaines des options qui, selon moi, existent, et sur lesquelles j’ai travaillé au cours des derniers mois», relève-t-on dans le paragraphe 16 du rapport de M. de Mistura.
Quid alors de «l’option» que ce dernier a tenté de remettre sur la table, recyclage grossier de celle qui, à l’instigation de l’Algérie d’Abdelaziz Bouteflika, avait été proposée par James Baker III et balayée d’un revers de manche par le Maroc ?
«Je dois vous informer que j’ai discrètement revisité et développé avec toutes les parties concernées le concept de partage du territoire, déjà évoquée par mon prédécesseur, James Baker II, il y a plus de 20 ans. Une telle option pourrait s’appuyer sur les limites de la partie du Sahara occidental contrôlée par la Mauritanie, dans le cadre d’un accord avec le Maroc, entre 1976 et 1979. Plus précisément, la frontière était alors définie comme une ligne droite partant de l’intersection du littoral et le 24ème parallèle nord, en passant par l’intersection du 23ème parallèle nord et du 13ème méridien ouest, et en continuant jusqu’aux frontières préexistantes de la Mauritanie», enchaîne M. de Mistua dans la paragraphe 17.
Et d’ajouter dans le paragraphe 18 : «une telle option pourrait permettre la création, d’une part, d’un Etat indépendant dans la partie sud, et, d’autre part, l’intégration du reste du territoire au sein du Maroc, dont la souveraineté serait internationalement reconnue. Dans l’éventualité d’un tel compromis, cela pourrait être un moyen de concilier à la fois les revendications d’indépendance et le projet d’autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine, tout en permettant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, qui bénéficierait dans ce cas de la possibilité de décider où ils veulent vivre et dans quel type d’environnement politique».
Nasser Bourita lève le lièvre…
Passons sur le NON ferme et catégorique réaffirmé par M. Bourita à la pseudo-«option» que M. de Mistura a tenté en vain de remettre sur la table. «C’est du réchauffé», «on ne fait pas du neuf avec du vieux»…, a d’abord asséné M. Bourita, avec son verbe incisif et décapant.
Mais passons, car « le diable se cache dans les détails ». «M. de Mistura aurait dû mentionner la source de cette idée, la partie qui la lui a suggérée, et celles qui l’ont encouragé à l’avancer, telle qu’il nous l’a présentée en avril», a dégainé M. Bourita, en enfonçant ce clou: «M. de Mistura aurait dû également s’il s’agit d’une initiative personnelle ou de celle de certaines parties qui lui ont suggérée de la réintroduire».
Alger et Pretoria en embuscade…
Dans son rapport au Conseil de sécurité, M. de Mistura affirme avoir «discrètement revisité et développé avec TOUTES LES PARTIES CONCERNEES le concept du partage du Sahara occidental, déjà évoqué par mon prédécesseur, James Baker III, il y a plus de 20 ans».
Or, quelles seraient lesdites «PARTIES CONCERNEES» avec lesquelles M. de Mistura aurait-il «discrètement revisité et développé le concept de partage du territoire» ?
Rappelez-vous bien: le 31 janvier 2024, M. de Mistura, à la surprise générale, s’est rendu à Pretoria, où il a rencontré l’ex-ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor. Un voyage qui a pris de court le commun des observateurs, Pretoria étant farouchement hostile aux intérêts du Maroc et fervent partisan de la séparation du Sahara marocain. On ne va pas chercher «conseil» auprès d’un régime sud-africain délibérément inamical, voire hostile et malveillant envers le Maroc. Et par ricochet, totalement aligné sur l’obscur agenda algérien qui, comme l’avait expressément demandé son ancien président Bouteflika en 2002, lorgnait le Sahara marocain pour accéder à l’océan Atlantique.
Le timing suspect de la pseudo-«proposition» de de Mistura
C’est au moment où l’initiative marocaine d’autonomie jouit d’un quasi – plébiscite international (plus de 100 pays membres de l’ONU, dont 30 africains, 20 européens) que M. de Mistura nous ressort le disque du «partage du Sahara».
Une boucle de fumée dont la visée non déclarée est de tenter de faire écran au pourtant incontournable Plan d’autonomie sous souveraineté marocaine, et d’offrir une perche à Alger pour sauver la face, ou ce qui lui en reste.
En vain…