Un certain 13 juin, Mahdi Elmandjra nous quittait 

De ces penseurs nous aimons à croire que subsiste la pensée, à défaut d’une postérité subjective ; et de leurs engagements des principes quand ce n’est pas que des idées.

De ces penseurs que gardons-nous ? Souvent une simple trace numérique, rarement académique surtout que notre enseignement en fait généralement fi, à part quelques lignes gribouillées en fin de chapitre.

De ces penseurs qui nous ont quittés, il en est un qui fut décoré de l’ordre japonais du Soleil Levant, de la médaille américaine de la paix de l’Académie internationale d’Albert Einstein ainsi que d’autres distinctions françaises non moins prestigieuses.

Futurologue, prospectiviste et penseur bien de chez nous, disparu un certain 13 juin 2014 à Rabat sa ville natale ; et dans le brouhaha médiatique usuel, c’est comme si jamais il ne fut.

Nous sommes dans un pays où l’oubli est facile, et c’est Mahdi Elmandjra que l’on se doit de présenter à nouveau alors qu’on ne le présentait plus il y a à peine une décennie.

De ses rares interventions encore disponibles sur la toile, on entraperçoit l’homme derrière le penseur, un esprit brillant et une langue acérée, un écrivain prolifique et un intellectuel fidèle à ses principes et surtout fidèle à lui-même.

Au-delà du cas Elmandjra, qui est en soi révélateur de notre mémoire collective dont on peut décemment prétendre qu’elle est courte, c’est la problématique de notre pensée commune.

Les cheminements de nos brillants penseurs d’hier profitent-ils à ceux de demain ? Si du reste cela reste limité au domaine académique sans intégrer une sphère plus élargie, nous participons à une humiliation collective.

Une humiliation par l’ignorance et la méconnaissance des valeurs d’hier aujourd’hui  dévalorisées ; la méconnaissance de problèmes sociétaux hier mis en exergue et aujourd’hui toujours d’actualité.

Nos sociologiques se limitent à écrire des chapitres puisque souvent ils n’ont pas voix au chapitre, dans le livre de notre histoire et de nos carences qui gagneraient à être vulgarisées.

La vulgat n’est pas vulgaire, et c’est dans cette optique que nos médias devraient participer à niveler le débat public par le haut, puisqu’hier nous avions des figures reconnues mondialement qui nous ont laissé quelques pistes sérieuses.

Pensons sérieusement à les remettre au goût du moment et à relire nos classiques, dans un travail de construction sociale qui est in fine l’affaire de tous.