Le 27 juin 2024, le Wilson Center, prestigieux think tank fondé en 1968 par une loi du Congrès des Etats-Unis, a publié un article sous le titre: « Désunion au Maghreb: les stratégies divergentes du Maroc et de l’Algérie pour façonner l’avenir géopolitique régional ».
D’emblée, le think tank gouvernemental américain annonce la couleur. « Le Maroc développe ses relations et investit dans les pays du Sahel, tandis que l’Algérie cherche à exclure le Maroc de l’Union du Maghreb arabe. L’approche du Maroc est prometteuse, tandis que celle de l’Algérie creuse son isolement ». « Le soutien indéfectible de l’Algérie au mouvement polisario au Sahara occidental, un principe central de sa politique étrangère, a compliqué ses alliances et entravé la coopération régionale et l’intégration économique ».
Wilson Center en veut pour exemple et preuve « la réaction d’Alger au changement de politique de l’Espagne en faveur du Maroc sur la question du Sahara »: rappel d’ambassadeur, suspension des échanges commerciaux et rupture du traité d’amitié de longue date.
Et d’ajouter: « Un autre exemple de la politique d’exclusion de l’Algérie à l’égard du Maroc est sa décision de rompre les relations diplomatiques, de suspendre le transport aérien et de fermer le gazoduc Maghreb-Europe – des mesures justifiées par la normalisation des relations du Maroc avec Israël. Cela semble incohérent compte tenu des relations amicales de l’Algérie avec le Bahreïn, un autre pays qui a normalisé ses relations avec Israël. Ces mesures ont des répercussions économiques pour le Maroc et l’Algérie, limitant les possibilités de commerce et de croissance mutuelle et créant des barrières économiques et logistiques affectant l’ensemble de la région », relève la même source.
Maroc pragmatique vs Algérie tiers-mondiste
« Le Maroc a adopté une approche pragmatique et réformatrice, axée sur la libéralisation économique progressive, la modernisation et l’intégration mondiale. Cette stratégie s’étend à sa politique étrangère, où le Maroc cherche à nouer des alliances, à renforcer les échanges commerciaux et à promouvoir la stabilité régionale par la coopération et la diplomatie. L’engagement inclusif et proactif du Maroc dans les initiatives régionales et les nombreux appels à la réconciliation avec l’Algérie illustrent sa volonté de donner la priorité à l’unité et au développement régionaux. Cette approche pragmatique et collaborative a considérablement renforcé la présence et l’influence régionales du Maroc en Afrique, lui permettant de jouer un rôle de premier plan dans les projets économiques et les initiatives politiques à travers le continent », souligne le Wilson Center.
En revanche, l’Algérie s’enfonce dans un isolement croissant, ce qui la rend incapable de promouvoir ou de tirer parti de l’intégration régionale, constate le Centre, qui prévoit « un avenir sombre pour l’Algérie ». « L’épuisement éventuel des revenus pétroliers rendra l’Algérie incapable de façonner la politique régionale comme elle le souhaite, en particulier avec un état d’esprit inflexible et dépassé », certifie le Centre.