Le Rassemblement national est arrivé largement en tête dimanche du premier tour d’élections législatives historiques qui pourraient ouvrir les portes du pouvoir à l’extrême droite pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale.
Avec 34-34,2% des suffrages, le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen et ses alliés devancent le Nouveau Front populaire réunissant la gauche, qui obtient 28,1-29,1%, loin devant le camp d’Emmanuel Macron à 20,3-21,5%, lors de ce vote marqué par une participation en forte hausse, selon les estimations publiées à 20H00 par les instituts Ipsos et Ifop. Les Républicains qui n’ont pas fait alliance avec le RN s’établissent à 10%.
🔴 Le RN en tête à l’issue du premier tour des Législatives avec une participation massive. https://t.co/KlWwX7SLNT pic.twitter.com/cL2ikXUlE1
— RMC (@RMCInfo) June 30, 2024
Les premières projections en sièges pour la future Assemblée nationale, à prendre avec beaucoup de précautions, envisagent pour le RN et ses alliés une forte majorité relative, voire une majorité absolue à l’issue du deuxième tour dimanche prochain.
« Il nous faut une majorité absolue », a lancé Marine Le Pen, annonçant également sa propre élection comme députée dès le premier tour dans son fief d’Hénin-Beaumont. Selon la triple candidate à la présidentielle, « le bloc macroniste » est « pratiquement effacé » après ce premier tour de vote.
Après la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, annoncée par le chef de l’Etat au soir de la déroute de ses candidats aux élections européennes du 9 juin, le paysage politique devrait être profondément bouleversé.
Mais il s’agit en réalité de 577 scrutins pour choisir autant de députés, et la reconfiguration dépendra des dynamiques d’ici le second tour, dimanche prochain, et des éventuels désistements et consignes de vote dans chaque circonscription. D’autant que le second tour devrait être marqué par un nombre record de triangulaires potentielles.
Selon l’Ipsos, il pourrait y avoir entre 65 et 85 élus dès le premier tour, et potentiellement plus de 300 triangulaires (avant désistements), une situation complètement inédite qui renforce le flou sur les projections.
« Large rassemblement »
« Face au Rassemblement national, l’heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour », a affirmé Emmanuel Macron dans une déclaration écrite transmise aux médias dès 20H00.
Il a salué la « participation élevée » qui « témoigne de l’importance de ce vote pour tous nos compatriotes et de la volonté de clarifier la situation politique ». « Leur choix démocratique nous oblige », a-t-il ajouté, après avoir réuni les chefs des partis avec lesquels il gouverne depuis 2017.
Parmi eux, le chef du MoDem François Bayrou a dit regretter un « vote sanction » qui représente une « menace ».
Alors que le « front républicain » contre l’extrême droite n’a cessé de se fissurer au fil des ans, le président Macron n’a pas totalement clarifié l’attitude à suivre en cas de duels entre le RN et le NFP ou de triangulaires.
Des ténors de son camp semblaient jusqu’ici plutôt pencher pour un « ni RN, ni La France insoumise », fustigé par la gauche et critiqué jusque dans son propre camp. L’attitude du camp macroniste vis-à-vis des candidats LFI reste incertaine.
A gauche, plusieurs dirigeants ont a nouveau appelé au désistement de leurs troupes si un autre candidat est mieux placé pour faire barrage au RN.
Après avoir entretenu un certain flou, Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise, a annoncé que ses candidats se retireraient s’ils terminaient troisièmes et que le RN était en tête.
« Il serait incompréhensible que certains continuent à ne pas faire la différence entre la gauche et l’extrême droite », a réagi la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, appelant à la « construction d’un nouveau front républicain ».
Le RN entrevoit la perspective inédite d’obtenir une majorité relative ou absolue le 7 juillet, avec le meilleur score de son histoire au premier tour d’un scrutin, améliorant celui déjà record des européennes.
Incarné par le visage lisse de son jeune président Jordan Bardella, 28 ans, le parti lepéniste espère transformer l’essai dans une semaine.
Si Jordan Bardella entrait à Matignon, ce serait la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu’un gouvernement issu de l’extrême droite dirigerait la France. Le président du RN a toutefois prévenu qu’il n’accepterait le poste de Premier ministre que si son parti détient la majorité absolue.
AFP