« Le président de la République Abdelmajid Tebboune a eu un entretien téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron, lundi 11 mars, pour discuter des relations bilatérales et des questions d’ordre régional et international », a claironné la présidence algérienne via un communiqué largement relayé par la presse locale.
Selon le communiqué, on apprend que le président Tebboune a même convenu avec son homologue français de l’échéance de sa prochaine visite en France (fin septembre-début octobre 2024), soit environ deux mois avant la « présidentielle » algérienne.
Mais quel vent a-t-il subitement fait changer le président algérien pour relancer une visite en France sans cesse reportée ? Curieusement, les « sujets qui fâchent » que le président comptait aborder lors de cette visite sont vite passées à la trappe. Mémoire, mobilité, coopération économique, essais nucléaires français dans le Sahara algérien, ainsi que la restitution de l’épée et du burnous de l’émir Abdelkader… Autant en emporte le vent !
Est-ce un hasard si Tebboune délaisse tous ces « dossiers » et livre une ultime danse du ventre face à Macron ?
Il y des signes qui ne trompent. « Paris est en train de rééquilibrer sa diplomatie maghrébine en faveur de Rabat, notamment sur le dossier du Sahara occidental », a écrit hier le journal « Le Monde » dans un article intitulé « Au Maghreb, la tentation du recentrage de la France vers le Maroc ».
« Le curseur de l’effort diplomatique de la France au Maghreb va rebasculer ces prochains mois vers le Maroc, pays avec lequel la crise avait été acrimonieuse en 2022 et 2023. Il flotte dans l’air comme un recentrage, un retour au classicisme -les deux pays furent longtemps très proches-, après une tentative de réconciliation historique avec l’Algérie qui n’a, à l’évidence, pas apporté les fruits escomptés », explique « Le Monde ». « Paris prétend s’affranchir du dilemme maghrébin. Sa diplomatie dans la région « n’est pas un jeu à somme nulle », insiste-t-on au Quai d’Orsay », rapporte-t-il, ajoutant que « la France pense pouvoir aligner des relations bilatérales parallèles sans devoir « trianguler ». Composer avec Rabat sans se soucier d’Alger et réciproquement ».
Les signaux envoyés dernièrement par Paris à l’adresse de Rabat vont dans le même sens. Visite à Rabat, les 25 et 26 février, de Stéphane Séjourné, le ministre française des Affaires étrangères. Ce déplacement est intervenu après la visite à Paris des Princesses Lalla Meryem, Lalla Asmae et Lalla Hasnaa, invitées à déjeuner à l’Elysée par Brigitte Macron, la première dame française. « Une visite hautement symbolique car le palais royal et l’Elysée ont chacun une mainmise totale sur la conduite des affaires diplomatiques de leurs pays respectifs », explique « Jeune Afrique ».
Autant de signes annonciateurs du retour en force de l’axe Rabat-Paris.
C’est à la lumière de ce développement que s’explique la « contre-khotta » du président Tebboune. Simplement, il s’avère que le train s’est déjà mis en branle et il y a peu de chances que Tebboune le rattrape cette fois.