S/t. La « belle affaire » du rappel ou la convocation des ambassadeurs
Des caisses vides, des indicateurs au rouge et échec des initiatives, toujours tordues, de la junte. Elle use, abuse et s’accroche à la convocation ou au rappel des ambassadeurs pour expurger ses frustrations et ses contrariétés.
Incapable d’engager avec courage des réformes politiques et économiques douloureuses, mais nécessaires, la junte … d’une incompétence notoire… perd du temps et aggrave la crise.
Le « manège » des ambassadeurs, en plus d’être un écran de fumée, est une entourloupe à usage interne. Il est évidemment en lien avec deux « causes prioritaires » pour Alger: le soutien aveugle et ruineux au polisario et l’extinction du hirak! Or, ces deux causes sont pliées et définitivement perdues pour la junte.
En février dernier, Alger a rappelé son ambassadeur en Côte d’Ivoire pour protester contre l’ ouverture d’un consulat ivoirien à Laâyoune. Abidjan a rappelé au régime algérien le sens et la signification de la Souveraineté des États.
Début avril, l’ambassadeur de France Xavier Driencourt a été convoqué au MAE algérien pour lui reprocher les déclarations sur France 24 de Francis Ghilès, chercheur dans un centre international à Barcelone. Paris a rappelé le principe de l’indépendance rédactionnelle des organes de presse protégée par la loi.
Le 13 mai, Alger a convoqué l’ambassadeur du Maroc, Lahcen Abdelkhalek, pour lui reprocher de supposés propos du Consul qui aurait dit que l »Algérie est un « État ennemi » sur un enregistrement par smartphone. Le Maroc a mis en doute la véracité de cet enregistrement. Alger n’a pas donné suite à une demande d’expertise de la vidéo.
Le 27 mai, autre coup de tête d’Alger qui rappelle son ambassadeur à Paris. La cause en est la diffusion des documentaires sur le Hirak «Algérie mon amour» sur France 5 et «Algérie: Les Promesses de l’Aube», sur La Chaîne Parlementaire (LCP). La France répond de nouveau que « l’ensemble des médias jouissent d’une complète indépendance qui est protégée par la loi en France».
S/t Un vide à la tête du régime algérien
Ces réactions émotives, primaires et improductives de la diplomatie algérienne sont, selon plusieurs observateurs, le symptôme d’un vide à la tête de l’Etat algérien.
« Y a-t-il un pilote dans l’avion ? » serait-on tenté de dire pour paraphraser le titre d’un célèbre film. Il n’y a pas en Algérie un chef d’État, visionnaire, éclairé, tête pensante, compétent et sûr de sa légitimité. Un impulseur de politiques publiques, capable de se projeter vers l’avenir pour définir des objectifs et montrer les chemins.
Un chef d’État animateur, modérateur, régulateur, arbitre, un stratège capable de faire la synthèse et d’agir au mieux des intérêts supérieurs de l’Algérie, y compris pour les relations internationales du pays.
Et surtout que ce civil, chef d’ État soit émancipé des pressions de tel ou tel clan militaire.
Il est clair que le « volant » de l’Algérie est tenu par « plusieurs » mains… c’est ce qui explique le désordre et l’improvisation. Une gestion au jour le jour, sans feuille de route parce qu’il y a plusieurs « décideurs » qui ne sont d’accord sur rien ! Chacun tire de son côté !!
Il y a un vide à la tête de l’État algérien parce que depuis 1962, il y a une guerre permanente de clans militaires qui s’auto-neutralisent et empêchent toute affirmation d’une personnalité civile forte et patriote.
S/t. Guerre des clans et gouvernance chaotique du pays
Rappelons que le système militaire algérien compte plus de « 450 généraux » . Trente (30) parmi eux constituent le groupe des “décideurs” et six (6) en sont le cœur, le noyau central.
L’ influence de généraux vieillards « sous-instruits » vivant encore dans le monde révolu des années 60 et 70 est encore forte. De vrais boulets pour la modernisation du pays!
Ce milieu opaque décide de TOUT. Il intimide et opprime les compétences civiles dans tous les domaines de la gouvernance politique, sociale et économique. Il impose des idées farfelues et une «gestion brouillonne» partout.
Ces clans aux visions courtes font passer l’intérêt réel du pays en dernier lieu. Ils sont dans la surenchère des « égos » se donnant l’illusion de faire de l’ économie, de la diplomatie ou de la politique.
Leur vision de l’économie est primaire. Ils ne conçoivent de richesse du pays que celle liée au « pompage du pétrole ». Ne connaissent rien, ni à la macro ni à la microéconomie. Ils sont tous des « importateurs » véreux. Ils n’ont jamais voulu favoriser une réelle économie algérienne de production.
Dans ce système, lorsque le prix du baril est élevé, la rente permet d’acheter la paix sociale… mais lorsque le prix chute… c’est l’affolement, la panique et l’aggravation du chaos. La réalité d’aujourd’hui.
En diplomatie, les clans sont dans la course aux postures et aux idées boiteuses. C’est à qui tapera le plus sur le Maroc! Qui proposera des manœuvres militaires – munitions réelles – limitrophes avec le voisin Qui proposera les coups les plus tordus pour mettre sous leur emprise les pays du Sahel! Qui décidera d’ un rapprochement avec Haftar en Libye ! Qui décidera de s’en éloigner après ses échecs! Qui tapera le plus sur la France! Qui exigera de Paris la restitution des « crânes » et non des milliards planqués! Qui tapera le plus sur la Côte d’Ivoire! Qui tapera le plus sur l’Espagne! Qui tapera le plus sur l’ONU et le Conseil de sécurité. Qui hurlera le plus pour qu’on convoque un ambassadeur!
Bref une foire d’empoigne où chaque clan cherche à faire plus que l’autre… A produire l’idée la plus « géniale » ! Les généraux algériens ont tous pour objectif dissimulé d’être de futurs Tewfiq Mediene (ex-« Rab Dzair » !!)… Gaid Salah…. Chengriha… Dignes héritiers du sinistre Boumediene, ils sont tous avides de pouvoir. Et chacun a sous la main sa marionnettes préférée… pour en faire un jour « la vitrine civile » à El Mouradia.
La guerre des clans n’ a jamais cessé et ne cessera jamais entre les 450 généraux. Et ça dure depuis 1962.
Le barnum au sommet du régime s’aggrave avec la baisse des ressources et les échecs diplomatiques. Le régime est en quasi décomposition et la reprise du hirak après le déconfinement n’annonce rien de bon pour lui.
Une hypothèse circule chez de nombreux observateurs! A moins qu’un clan… et ça serait un miracle… n’arrive à convaincre les autres d’engager un dialogue sérieux avec des personnalités civiles, crédibles et honnêtes, respectées par le peuple algérien.
Ce dialogue inéluctable (qui peut même prévoir des « garanties » pour les boursouflures galonnées en vue de leur retrait « définitif et irréversible » de la vie politique du pays !) pourrait identifier des formules pour remettre le pouvoir aux civils et laisser enfin de jeunes compétences sauver l’Algérie et inaugurer une ère de paix avec ses voisins.
Cette hypothèse est à l’ordre du jour chez de nombreux observateurs. Quant au rappel des ambassadeurs ou leur convocation, ce ne sont que des manœuvres dérisoires.