C’est la septième fois que la Fédération de Russie s’abstient sur la résolution concernant le Sahara. Un record qu’on ne peut mettre sur le seul et unique antagonisme russo-américain, exacerbé par la guerre en Ukraine.
En guise d’explication à cette énième abstention de vote, l’ambassadeur représentant de la Russie auprès de l’ONU, Vassily Alekseevich Nebenzia, a invoqué « la non prise en considération » par Washington, pen-holder des résolutions du Conseil de sécurité sur le Sahara, des « notes » de la Russie dans le texte de la résolution 2703.
Or, les « notes » russes abondent clairement dans le sens de la thèse de la partie adverse, soit l’Algérie. En clair, Moscou veut « des négociations directes entre le Maroc et le Polisario », omettant délibérément le fait que l’Algérie, citée six fois dans le nouveau texte, soit autant de fois que le Maroc, est la principale partie au conflit.
Moscou ne peut plaider pour un « texte partial » et en même temps prendre le parti de l’Algérie, qui héberge, finance et arme la milice de Tindouf, avec ce que cela comporte de menaces non seulement pour le Maroc, il y va aussi de la stabilité de la région.
On comprend donc pourquoi Washington a rejeté les « notes » que la Russie a tenté d’introduire dans le libellé de la nouvelle résolution. En un mot comme en mille, la Russie cherche à tirer d’affaire son allié algérien, appelé une nouvelle fois à prendre part au processus des tables rondes, selon le même format qui a été fixé et mis en oeuvre par le prédécesseur de Staffan de Mistura, Horst Köhler, en décembre 2018 et en mars 2019 à Genève.
En se cramponnant dans cette posture du « pêcheur à la ligne », la Russie garde un oeil sur les très juteux contrats d’armement avec la junte algérienne, premier client de l’armement russe en Afrique.