« Le Maroc a acquis des armées israéliennes et turques qui ont permis à l’Azerbaïdjan de prendre le dessus sur l’Arménie ». Tel est le titre d’un article du très sérieux magazine américain « Forbes » paru le 21 septembre courant.
« Les récentes acquisitions par le Maroc de systèmes d’armes israéliennes et turcs ressemblent de façon frappante à celles de l’Azerbaïdjan dans les années qui ont précédé la deuxième guerre du Haut-Karabakh entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie fin 2020. Le Maroc peut espérer que ces armes lui permettront de s’imposer de la même manière dans toute confrontation potentielle avec l’Algérie sur la région contestée du Sahara occidental », estime l’auteur de cet article, Paul Idon, journaliste/chroniqueur qui écrit sur les affaires militaires et politiques du Moyen-Orient.
Remarquons en passant, que l’expert américain se base uniquement sur les dernières acquisitions du Maroc auprès d’Israël et de la Turquie, soit les drones « Harop » qui ont réduit en cendres les missiles de défense aérienne arméniennes S-300 de fabrication russe, également acquis par l’Algérie; les drones Bayraktar TB2 fournis par la Turquie qui ont dévasté les forces terrestres arméniennes, ou encore le missile Barak 8 azerbaïdjanais de fabrication israélienne qui a abattu un missile balistique à courte portée arménien Iskander, également acquis par l’Algérie.
A l’opposé de l’Algérie, extrêmement dépendante de la Russie en matière d’armement, le Maroc diversifie ses fournisseurs pour alimenter son arsenal militaire: USA, Israël, Turquie, Brésil, Chine, Inde, Espagne, et j’en oublie.
Conflit du Sahara: ces drones qui ont réduit à néant toute capacité de nuisance de la milice séparatiste
« Les drones ont changé la dynamique du conflit du Sahara occidental, gelé depuis longtemps. Comme pour le conflit du Haut-Karabakh, resté en sommeil pendant plus de 20 ans après la fin de la première guerre en faveur de l’Arménie en 1994, le conflit du Sahara occidental entre le Maroc et le mouvement du polisario est resté gelé depuis le cessez-le-feu de 1991. Cela commence à changer, principalement grâce à ces drones », constate le magazine américain, en énumérant les drones acquis par le Maroc auprès de la Turquie (19 TB2) et bientôt les drones « Akinci », beaucoup plus grands et plus sophistiqués, doté de capteurs avancés et pouvant transporter des quantités de munitions bien plus importantes que leur prédécesseur TB2; trois « Heron » en 2014, « Harops » et d’autres drones israéliens en bien plus grand nombre.
« Les récentes acquisitions de drones par le Maroc ont rapidement rendu « complètement asymétrique » une guerre déjà inégale entre le Maroc et le polisario, puisque ces technologies améliorent considérablement les capacités de surveillance et de frappe de Rabat », observe la publication US.
Que se passera-t-il en cas de déclenchement d’une guerre entre le Maroc et l’Algérie?
« Une campagne soutenue de frappes de drones marocains contre le polisario pourrait voir le conflit dégénérer en une nouvelle guerre avec des ramifications régionales », estime l’expert Paul Idon, qui dit s’appuyer sur un rapport d’enquête sur les capacités des drones marocains.
« Si cela se produit et aboutit à des affrontements entre le Maroc et l’Algérie, Rabat pourrait compter sur l’imitation de l’approche interarmes de l’Azerbaïdjan en utilisant ces mêmes systèmes avancés défensivement et offensivement. Un tel scénario pourrait inclure des « Harops » ciblant les défenses aériennes algériennes, des TB2, et éventuellement des « Akincis », frappant les forces terrestres algériennes près de la frontière, et des systèmes Barak interceptant des missiles algériens. Comme pour l’Arménie, les forces armées algériennes sont principalement constituées de matériel militaire russe, bien que dans de nombreux cas, il s’agisse de variantes plus modernes », relève-t-il.
Le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qui vient d’être soldé définitivement par l’armée azérie (en moins de 24 heures: mardi et mercredi derniers), ne peut être calqué totalement sur le cas du Maroc et de l’Algérie. La « grande muette » marocaine qui a toujours cultivé le secret sur ses acquisitions, a bien d’autres « surprises » à dévoiler en temps voulu.
L’armée du général « Sangria » n’a donc qu’à bien se tenir …