Energies propres: le Maroc se positionne comme un fournisseur majeur pour l’Europe (Energia Oltre)

Le journal italien en ligne, « Energia Oltre », a consacré dans son édition du 14 août un article au fort potentiel du Maroc en énergies renouvelables, estimant que le Royaume, 7ème position sur 57 pays dans l’indice international de protection du climat 2021 de Germanwatch, se positionne comme un fournisseur majeur pour l’Union européenne. Ci-dessous la traduction intégrale de cet article édifiant. 

« Les vastes paysages du Maroc offrent un potentiel pour des parcs éoliens et solaires à grande échelle, le positionnant comme un fournisseur majeur d’énergie propre répondant à la demande croissante de l’Europe.

Le Maroc cherche à renverser son héritage énergétique, passant d’un mix énergétique fortement dépendant des combustibles fossiles importés, pour devenir un exportateur net d’énergie propre. Le climat ensoleillé, le littoral et les grands espaces du Maroc se prêtent à des parcs solaires et éoliens à grande échelle, et sa proximité avec l’Europe place le pays dans une position privilégiée pour devenir une source d’énergie clé pour l’Union européenne. Si le potentiel est énorme, les défis auxquels est confronté le Maroc le sont tout autant.

LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE VERTE DE L’UNION EUROPÉENNE

La demande européenne en nouvelles sources d’énergie propre s’est révélée presque insatiable alors que le continent lutte pour remodeler ses marchés énergétiques à la suite de la crise énergétique de l’année dernière. En conséquence, l’Europe a rapidement abandonné les combustibles fossiles russes et entamé sa propre transition énergétique verte. L’Europe a déjà investi massivement dans la production nationale d’énergie propre et a battu ses records de production d’énergie propre. Elle a également accepté – récemment – d’augmenter ses engagements en matière d’énergie propre à des niveaux encore plus élevés. Atteindre cet objectif nécessitera le développement d’une énorme quantité de nouvelles ressources énergétiques propres. C’est là qu’intervient le Maroc.

LES DÉFIS DU MAROC

Le plus grand défi pour le Maroc sera d’équilibrer ses besoins économiques – qui bénéficieront grandement du commerce continu d’énergie verte avec l’Europe – avec ses propres besoins énergétiques. Pour se développer de manière durable et atteindre ses objectifs climatiques, le Maroc doit donner la priorité à la production d’énergie propre pour ses réseaux, mais les besoins nationaux en matière de décarbonation pourraient facilement être dépassés par l’actuel programme européen en matière d’énergie verte.

Même si le Maroc dispose d’un énorme potentiel manufacturier, le pays devrait essentiellement démarrer un secteur d’énergie propre à partir de zéro. Actuellement, selon les rapports d’Oilprice, le Maroc importe 90 % de son énergie, dont la majeure partie se présente sous forme de combustibles fossiles. Il faudra énormément d’investissements et de développement d’infrastructures pour mettre le secteur à niveau, et l’Europe offre une aide considérable pour y parvenir. Cette année déjà, l’UE a alloué 624 millions d’euros (688,6 millions de dollars) à divers projets visant à soutenir la transition énergétique verte du Maroc, ainsi qu’à « lutter contre la migration irrégulière et faciliter des réformes clés dans des secteurs cruciaux tels que la protection sociale, la politique climatique et l’administration publique ».

LA RELATION COMMERCIALE (POTENTIELLE) ENTRE LE MAROC ET L’EUROPE

Les relations commerciales potentielles entre le Maroc et l’Europe pourraient être gagnant-gagnant: l’économie marocaine bénéficierait d’un coup de pouce indispensable grâce à la création de contrats majeurs offrant de nombreux emplois, et l’Europe obtiendrait une partie de l’énergie dont elle a besoin pour assurer sa sécurité énergétique et ses besoins de décarbonation tout en diversifiant son portefeuille énergétique. La production d’énergie éolienne et solaire destinée à l’exportation vers l’Europe via des câbles sous-marins – selon les rapports Oilprice– pourrait créer jusqu’à 28 000 emplois par an selon l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région, Moez Cherif. Ce chiffre est particulièrement élevé si l’on considère que le taux de chômage au Maroc est actuellement de 11,2 %. Cherif a également indiqué qu’en disant oui à l’Europe, le Maroc pourrait « se positionner comme un pôle industriel pour les investissements dans l’exportation de produits industriels verts ».

Cependant, il existe également des inconvénients considérables. D’une part, la construction de projets aussi importants dans le fragile écosystème saharien sans évaluations environnementales appropriées suscite de sérieuses préoccupations environnementales. D’un autre côté, on craint que de tels contrats ne profitent économiquement à un nombre relativement restreint de Marocains, laissant l’ensemble de la population sans ce dont elle a réellement besoin: une énergie propre et abordable pour sa propre consommation ».