Wendy Sherman, numéro deux de la diplomatie américaine, a rencontré, vendredi 21 avril à Washington, Staffan de Mistura, Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara. Lors de cette rencontre, indique le Secrétariat d’Etat américain sur son site officiel, Mme Sherman a exhorté l’émissaire onusien à « INTENSIFIER » les consultations avec les parties au conflit en vue de reprendre, conformément à la résolution 2654 adoptée fin avril 2022, les pourparlers quadripartites sous le même format (tables rondes) initié en 2018 à Genève, par son prédécesseur Horst Köhler, avec la participation de l’Algérie, principale partie au conflit.
Que faut-il donc retenir du « redaout » de la rencontre entre Mme Sherman, -surnommée « la Renarde argentée » pour sa stature de diplomate chevronnée et surtout sa capacité à arracher des accords-, et le médiateur onusien Staffan de Mistura, « l’homme des missions impossibles ». Tenez, le terme « INTENSIFICATION » des consultations avec les parties au conflit.
Connaissant la lenteur de la politique américaine, l’usage du terme « INTENSIFICATION » n’est surtout pas fortuit. Cela veut dire que la patience des Etats-Unis est mise à rude épreuve par le statu quo entretenu sur ce conflit plus que quarantenaire, qui plus est fabriqué de toutes pièces. Dit autrement, le régime militaire algérien, artisan de ce conflit factice, doit absolument plier.
Ce n’est sûrement pas anodin si, dans leur communiqué conjoint du 21 octobre 2022, rendu public à la veille de l’adoption de la résolution 2654, Mme Sherman et De Mistura, ont souligné « l’importance pour TOUTES LES PARTIES de développer leurs positions afin de parvenir à une résolution durable et digne du conflit ». Un gros pavé est alors jeté dans la mare du régime algérien qui tente désespérément de se soustraire à sa responsabilité avérée dans la genèse et le maintien de ce conflit artificiel pour des considérations politiques héritées de la guerre froide et qui n’ont plus lieu d’être à la lumière des nouvelles réalités géopolitiques.
L’administration américaine sait pertinemment que, si ce dossier n’est pas résolu et si les problèmes en Libye, au Mali et, last not least, au Soudan, perdurent encore aujourd’hui, le Sahel serait incontrôlable. Ils ont bel et bien pris la mesure des menaces qui pèsent sur la région, devenue l’épicentre des nouveaux conflits géopolitiques et le terrain de jeu favori pour les différents acteurs régionaux, notamment l’Iran, qui a réussi à tisser sa toile dans la région via ses nouveaux mandataires terroristes, dont la milice séparatiste du « Polisario », à l’instar de ceux qu’elle a déjà mis en place au Moyen Orient (Hezbollah au Liban, Houtis au Yémen, les compagnies « Khorasan » en Syrie et en Irak).
Ce n’est donc pas un hasard si, dans leur nouvelle stratégie pour le Sahel et l’Afrique en général, les responsables américains parient sur le Maroc, leur allié majeur hors-Otan. Les Etats-Unis savent que cette stratégie passe nécessairement par le règlement du conflit du Sahara et la poursuite du processus d’« empowerment » du Maroc sur le plan militaire, en lui ouvrant leurs stocks d’armes les plus sophistiquées, sans compter leur soutien de plus en plus substantiel à la stratégie du Royaume de se doter de sa propre industrie de Défense.