C’est la première fois que le président français, M. Emmanuel Macron, se prononce ouvertement sur l’éventualité d’une « guerre » entre le Maroc et l’Algérie. Dans une interview accordée au magazine « Le Point », M. Macron a d’abord balayé d’un revers de main cette perspective de « guerre« . « Je ne veux pas le croire, le penser. Parce que ni l’Algérie ni le Maroc ne sont des puissances irrationnelles », a-t-il dit, en réponse à une question de Kamal Daoud, écrivain et chroniqueur franco-algérien du magazine sus-indiqué, sur l’éventualité d’un conflit armé entre les deux poids lourds du Maghreb.
Le chef de l’État français a toutefois admis l’existence de « tension réelle entre les deux pays » et s’est inquiété du fait que cette tension ne devienne « structurante du fait national et de la vie politique de part et d’autre ». « Je ne crois pas que la guerre soit une réalité qui va survenir; par contre, je vois la spéculation chez les uns, le fantasme chez les autres et même la volonté de guerre chez certains, et je vois la distance que cela crée », a-t-il en effet relevé.
Avec cette réponse évasive, il est clair que la France veut encore et toujours ménager la dictature algérienne, malgré la responsabilité avérée de cette dernière dans la création et le maintien de cette tension dangereuse avec le Maroc.
« La Guerre! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires »
Qui des deux pays, le Maroc ou l’Algérie, veut la guerre, M. Macron? Une petite piqûre de rappel s’avère nécessaire: Le 3 novembre 2021, une année après que le régime algérien aventureux a poussé ses pions séparatistes vers la région d’El Guergarat, le Maroc avait précisé, dans une déclaration à l’AFP, ne pas vouloir « se laisser entraîner dans une guerre avec l’Algérie ». Cette déclaration n’a toutefois pas calmé les ardeurs belliqueuses du régime voisin qui, par la voix de son chef d’armée Saïd Chengriha, véritable détenteur des clefs du palais présidentiel « El Mouradia », s’était hasardé à qualifier le Maroc d’ »ennemi classique de l’Algérie« . Une déclaration à la limite du « casus belli » mais que le Maroc, fort et serein, a ignorée, dans l’unique souci de préserver la paix et la stabilité dans le Maghreb, pour ne pas parler de la région sahélo-saharienne, devenue le nouvel épicentre de Daech, notamment « l’État islamique au Grand Sahara » (EIGS), produit pur jus des services algériens, autant que son ex-émir sanguinaire, Adnan Abou Walid al-Sahraoui, ancien élément de la milice séparatiste du « polisario », tué le 17 août 2021 au Mali, dans le cadre d’une opération commando des forces spéciales françaises.
Mais passons, car depuis 2020, le régime algérien n’a eu de cesse de multiplier les déclarations et les actes d’hostilités envers le Maroc, culminant le 24 août 2021, par la rupture par Alger de ses relations diplomatiques avec le Maroc, la fermeture de son espace aérien à l’aviation marocaine et le non-renouvellement du contrat du Gazoduc Maghreb-Europe (GME), invoquant à cette escalade disproportionnée, des allégations « irrationnelles » pour reprendre le terme de M. Macron, notamment cette accusation fantaisiste selon laquelle le Maroc serait derrière les incendies de forêts qui ont ravagé la Kabylie en août 2021.
Malgré la gravité de ces accusations inventées de toutes pièces, le Maroc a su faire preuve de retenue et de responsabilité, en écartant de son lexique toute mention de « guerre »; mieux encore, le Royaume a tendu la main à maintes reprises à son voisin de l’est en vue d’une remise à plat de toutes les divergences bilatérales. Au lieu de serrer cette main tendue, le tandem Abdelmajid Tebboune/Saïd Chengriha a accentué leur « guerre » phonétique à l’encontre du royaume, à la faveur d’une surenchère haineuse et malveillante qui n’a jamais été aussi dense et dangereuse depuis la « guerre des sables » en 1963.
Paraît-il, le tandem Tebboune/Chengriha n’a pas retenu les bonnes leçons de la mémorable « Triha » (raclée) essuyée par la soldatesque de Mohammed Boukharrouba, alias Houari Boumedien. Que cherchent-ils encore à travers leur rhétorique menaçante?
« La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires », disait Georges Clémenceau, figure majeure des débuts de la IIIe République française et de la Première Guerre mondiale. Une vérité que M. Macron aurait mieux fait de rappeler à la junte suicidaire.