Botola Pro 1 et 2. Recrutement des joueurs étrangers: le retentissant fiasco

Les joueurs étrangers recrutés par les clubs marocains dont la quasi majorité sont africains n’ont jamais été au niveau espéré à part deux ou trois cas, au plus, et ce depuis des décennies. En tout cas, plusieurs dirigeants de clubs avaient souvent fait le mauvais choix et étaient acculés à s’en débarrasser non sans avoir subi des dégâts financiers conséquents.

De mémoire, aucun joueur étranger n’a été au-dessus du lot si l’on exclut le wydadi Moussa Ndaw considéré comme le meilleur buteur étranger du club. Les autres étaient soit au même niveau des joueurs locaux soit nettement inférieurs. Alors comment expliquer cette ruée vers les joueurs étrangers même si la fédération avait essayé de mettre un frein à ce gaspillage aussi bien financier que technique?

La réponse sort de la bouche de l’entraîneur Abdelkader Youmir: «Ce sont les dirigeants des clubs qui recrutent les joueurs étrangers sans se concerter avec les entraîneurs alors que c’est le contraire qui devait se passer».

Ce n’est donc pas étonnant que des présidents de clubs piétinent les prérogatives de l’entraîneur en se mêlant du choix des joueurs qui doivent être alignés dans un match. Ceci étant, le recrutement des joueurs étrangers n’a pas apporté de valeur ajoutée et n’a pas contribué à relever le niveau des compétitions nationales.

Il est vrai que la FRMF avait imposé des restrictions dans le recrutement des joueurs en exigeant qu’ils aient au moins dans leurs escarcelles dix matchs avec leurs équipes nationales respectives. Mais même avec cette règle, les dirigeants ont continué à faire appel à des joueurs de deuxième rang dont certains ont été soupçonnés de fraude dans les attestations qu’ils présentaient comme émanant de leurs fédérations de football.

Une situation qui a souvent causé de graves problèmes aux clubs marocains avec les clubs africains jusqu’à porter le différend devant la FIFA. C’est le cas du joueur congolais Ben Malongo qui a rejoint le Raja mais les dirigeants de son club, TP Mazemebe, récusent qu’il a été libéré. Bien au contraire, dans un courrier adressé à la FRMF, la fédération congolaise (FECOFA) indique que Ben Malongo est toujours lié par un contrat avec son club et qu’il est parti au Maroc clandestinement sans le consentement de ses dirigeants.

Pis encore, ce courrier daté du 6 novembre 2019 enfonce le clou davantage en soulignant que: «Ben Malongo n’a livré qu’un seul match amical international en équipe nationale A contre la sélection nigériane et quatre matchs pour l’équipe nationale A du CHAN 2018 dont deux officiels et deux amicaux».

Autant dire que l’on patauge dans l’amateurisme bien que le système ait été professionnalisé sans toutefois donner les résultats escomptés. Car contrairement à ce qu’affirment certains, le niveau de la Botola Pro 1 et 2 est très inférieur à celui des amateurs des années 70 et 80. A cette époque, chaque club disposait de joueurs talentueux dans tous les compartiments alimentant ainsi l’équipe nationale en abondance. La place était chère et beaucoup de joueurs qui méritaient la sélection n’ont pas eu cette chance.

Il ne faut pas se leurrer car pour de multiples raisons, notre football ne produit plus de joueurs de la classe de Petchou (Raja et WAC), Faras, Haddadi et Acila (SCCM), Smiri (MCO) Maâroufi, Chérif (DHJ), Abouali (TAS), Zahraoui, Tazi, Guezzar (MAS), Boussati (KAC), Shaita (WAC), Dolmy, Beggar (Raja), Bamous (FAR) et la liste n’est pas exhaustive.

Il est clair que lorsque les dirigeant des clubs ont recours à des joueurs étrangers de niveau moyen, ils tuent l’ambition chez les jeunes locaux. D’autant que les clubs se retrouvent devant des déficits financiers colossaux en achetant des joueurs au prix fort alors qu’ils devaient investir cet argent dans la formation des jeunes.

On comprend mieux pourquoi le niveau de nos compétitions demeure faible car face à cette gestion abracadabrante, les locaux se retrouvent sans perspectives d’avenir. Ils sont remplacés par des joueurs étrangers de niveau moyen, la plupart d’entre eux ne participent pas à des compétitions africaines et cerise sur le gâteau, ils ne sont pas sélectionnés en équipe nationale.