QUELLE MOUCHE A DONC PIQUÉ L’UNION DES ÉCRIVAINS DU MAROC?

Il n’échappe à personne que l’Union des écrivains du Maroc, ou ce qu’il en reste, vit une grave crise de représentativité, depuis l’échec retentissant de son congrès ordinaire en 2018 à Tanger. Les vives dissensions qui ont alors éclaté n’ont pas permis l’élection d’un nouveau président en remplacement de M. Abderrahim El Allam, qui est à la tête de l’UEM depuis le départ d’Abdelhamid Akkar il y a environ 14 ans. Un record de longévité depuis la création de cette association le 17 septembre 1960 à Rabat!

Qu’à cela ne tienne, puisque, à l’issue du congrès (avorté) de Tanger, un accord a été trouvé pour tenir un congrès extraordinaire en 2019 à Rabat. Il n’a simplement pas eu lieu et le président sortant a fini par annoncer sa démission à travers les médias nationaux, avant de faire une volteface spectaculaire et annoncer, à la surprise générale, qu’il est (toujours!) président. Passée la pause Covid (2020-2021), le voilà se re-manifester pour annoncer la tenue du congrès les 25, 26 et 27 janvier 2023 à LAÂYOUNE.

Une « décision à la hussarde », qui plus est « unilatérale », dénoncent le commun des écrivains, y compris des membres de la commission préparatoire du congrès qui n’ont pas caché leur « surprise ». Et pour cause, le choix de LAÂYOUNE, capitale du Sahara marocain, pour tenir un congrès qui, au regard des divergences qui déchirent l’UEM, risquerait d’échouer de manière éclatante.

Les promoteurs de ce « choix » sont-ils conscients du fait qu’en « exportant » leurs divergences intestines vers Laâyoune, ils risqueraient de servir la soupe à la propagande ennemie qui guette le moindre faux pas pour tenter de nuire à l’intégrité territoriale du Royaume?

Loin de nous l’idée de mettre en question le patriotisme de quiconque, le consensus national autour de la marocanité du Sahara ne s’est d’ailleurs jamais démenti. Il n’en demeure pas moins que  « l’idée » d’un congrès à Laâyoune est problématique.

Parlons clair, parlons vrai: La première cause nationale doit être mise à l’abri de tous les calculs étriqués. On ne va pas à Laâyoune pour faire étalage de ses dissentiments, la première cause nationale ne saurait servir de paravent à des ambitions personnelles. Autrement, cela reviendrait à faire le jeu de l’ennemi qui nous attend au détour. L’exemple le plus récent est le tollé soulevé à Laâyoune, après la projection d’un documentaire controversé de l’artiste Majida Benkirane (« Les Zaouïas du Sahara, Zaouïas de la Nation »), alléguant que le père fondateur des tribus Rguibat, Sidi Ahmed Rguibi, était « stérile ». On ne s’aventure pas à émettre de telles allégations quand on n’a pas la maîtrise du sujet. 

En un mot comme en mille, il ne faut pas badiner avec une question existentielle pour les Marocains.