Recevant son homologue grec, Nikos Dendias, jeudi 5 mai, au Palacio de Santa Cruz, à Madrid, José Manuel Albares devait (naturellement) s’attendre à ce que les préposés à la couverture de cette rencontre l’interrogent sur les relations hispano-grecques. Or, ce n’était vraisemblablement pas le mot d’ordre qui aura été donné par les rédactions.
Bof, ce n’est pas un sujet « vendeur », en tout cas pas assez que le très juteux « filon » Maroc, cheval de campagne d’une certaine presse qui ne rate aucune occasion, y compris et surtout les plus anecdotiques, pour distiller son venin sur le « Moros », ses symboles et ses institutions. La dernière en date: un présumé espionnage par le Maroc des téléphones du président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, et de la ministre de la défense, Margarita Robles.
Ce n’est donc pas un hasard si cette fausse affaire d’espionnage s’est invitée inévitablement à la conférence de M. Albares. Mais c’était compter sans la réaction de ce fin diplomate qui connaît le Maroc mieux que des confrères espagnols auto-désignés pseudo-« spécialistes du Maghreb ». M. Albares, qui a étudié à l’école américaine de Tanger, a infligé ce jour-là une leçon aussi magistrale qu’inoubliable aux aux colporteurs de ragots. « Je ne vais pas me lancer dans des conjectures sur un pays quelconque, car ce qu’il faut dans le domaine de la diplomatie, ce sont des faits« , a-t-il rétorqué. « Les relations internationales ne sont pas basées sur des conjectures ou des spéculations, elles sont basées sur des faits« , a-t-il encore asséné.
Autant dire une « humiliation » infligée à certains confrères espagnols qui, à défaut de faire leurs preuves en journalisme, veulent jouer aux « justiciers », au mépris du métier d’informer, au mépris d’eux-mêmes.