Mon confrère de Washington, Hassan Masiky, vient de larguer une « bombe ». La « guerre médiatique », car c’en est une, avec les voisins de l’est (Algérie) et du nord (Espagne), se fait à « armes inégales ». « Les médias marocains sont mal équipés pour contrer la désinformation algérienne », constate-il dans sa nouvelle correspondance pour « Le Collimateur » (voir son article dans notre rubrique: « Carnets secrets).
Ce constat, j’en suis persuadé, est partagé par plusieurs « frères de plume » qui, à l’instar des soldats envoyés au front, n’ont en guise de munitions que leur « FOI » pour affronter une machine de propagande bien structurée et dont il ne faut surtout pas négliger la capacité de nuisance. Et quand on parle munitions, il faut bien le préciser, il ne s’agit pas seulement de soutien public à la presse, qui reste d’ailleurs dérisoire et surtout mal distribué, puisqu’il n’est pas lié à un cahier des charges, moins encore à la culture du résultat qui fait cruellement défaut dans un milieu resté à la portée « des gens qui n’ont pas de métier »!
Loin de nous l’idée de réduire la question à son strict aspect sonnant et trébuchant, car dirais-je au risque de me répéter, le paradoxe veut que ceux qui ont les moyens n’ont pas le métier et ceux qui ont le métier n’ont pas les moyens!
La question est désormais de savoir si l’État a une réelle volonté politique pour corriger cette situation devenue intenable et définir quel genre de journalisme encourager et quels choix éditoriaux privilégier face à des mammouths médiatiques qui attendent notre pays au détour. On se demande pourquoi l’insignifiance -appelez-la comme bon vous semble, presse jaune, à sensations ou à scandales-, est devenu les marqueur de cette belle époque de rien, au détriment et au préjudice de journalistes qui suent matin et soir pour donner une information exacte, sérieuse et intéressante et fabriquer du sens pour aider l’opinion publique nationale à mieux comprendre les nouvelles réalités géopolitiques.
Une question à laquelle le ministre de tutelle, Mehdi Bensaïd, est appelé à trouver des réponses urgentes. Il en est d’ailleurs conscient puisque, dans une récente sortie médiatique, il a bel et bien souligné la nécessité pour l’État d’avoir des médias sérieux et crédibles, capables de contrer la machine de désinformation algérienne et (j’en rajouterai) espagnole qui ne porte pas le Maroc non plus dans son coeur.
Il est temps, il était grand temps que l’État prenne au sérieux cette revendication des professionnels qui ont fait le choix de défendre, 7 sur 7, et avec une foi sincère et inébranlable leur pays dans cette guerre qui ne dit pas encore son nom, sans avoir toutefois les moyens nécessaires à leur combat.