L’ancien président de l’Union des éditeurs du Maroc (UEM), Abeljalil Nadim, a souligné que la crise de lecture au Maroc est due à des problèmes chronique et émergent, appelant toutes les parties concernées à assurer leur responsabilité envers l’avenir des générations montantes.
Dans une interview accordée à la MAP en marge du 5è Congrès de l’Union, tenu récemment à Tanger, M. Nadim a précisé que le problème chronique est intrinsèquement lié au marché de la lecture, tandis que le problème émergent est incarné par la montée en puissance du numérique, qui est l’une des ramifications culturelles de la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19), qui a provoqué une révolution au niveau éducatif en ce qui concerne la relation des jeunes avec le savoir et le livre.
Il a estimé que la crise de lecture au Maroc menace réellement la survie des entreprises d’édition et du livre, en dehors du fait que la lecture est une question éducative, cognitive, créative et sanitaire, qui profite à l’individu et à la société, ce qui met en évidence le rôle central de tous les intervenants.
« Nous nous attendions à ce que la transformation du livre papier en livre électronique survienne d’ici 30 à 50 ans, mais nous nous trouvons actuellement face à cette réalité », a-t-il déploré, notant que cette situation d’urgence nécessite une réflexion sérieuse sur l’adaptation de la révolution numérique au rapport entre l’Homme et le livre, puisque la lecture est une interaction qui développe l’environnement, l’individu et la société.
Évoquant les implications de la crise de lecture, M. Nadim a fait savoir que le tirage moyen de livres se situait entre 3.000 et 5.000 exemplaires durant les années 1970, alors qu’aujourd’hui, on est plutôt à 1.000 exemplaires dans le meilleur des cas, s’interrogeant: « Comment est-il possible que le tirage moyen atteint seulement 500 exemplaires après tous les efforts pédagogiques déployés à tous les niveaux, notamment au sein des universités? ».
« Tout le monde connaît que lorsque le volume des tirages diminue, le prix de chaque exemplaire augmente, et nous nous trouvons ainsi face à un rapport complexe avec le pouvoir d’achat. Et c’est un cercle vicieux qui rend la situation beaucoup plus compliquée », a-t-il fait observer, notant que la situation du livre marocain ne se limite pas au marché national, mais elle est perçue également à l’échelle internationale, car le livre est « un ambassadeur permanent de la culture, de la civilisation et des causes du Maroc ».
Il a considéré que l’éditeur fait partie d’une crise globale, d’où la nécessité d’ouvrir le dialogue avec le ministère de la Culture, et les institutions concernées, notamment les secteurs de l’enseignement et de l’éducation, qui contribuent à la formation des jeunes de demain, ainsi que le secteur financier, qui considère que la maison d’édition est une entreprise à but lucratif, au vrai sens du terme, alors que tout le monde sait que la situation du livre au Maroc est fragile.
« La promotion du livre est un devoir de la société envers sa culture », a-t-il insisté, appelant à la nécessité de renforcer la relation des enfants et des jeunes avec le livre, tout en suivant les développements numériques qui changeront le monde.