La nomination de Youssef Amrani en tant que nouvel ambassadeur auprès de l’Union européenne fait l’effet d’un coup tonnerre en « Ibère ». « Mauvais temps pour l’Espagne. Cet homme connaît bien les faiblesses de Madrid ». Cette phrase dont résonnent les salons hispano-séparatistes résume à elle seule la crainte qu’inspire à Madrid la nomination de ce Sherpa de la diplomatie marocaine qui connaît parfaitement les rouages de l’UE et de l’Espagne en particulier, pour la simple raison qu’il a été l’un des architectes des négociations de 2011 pour l’octroi par l’UE d’un statut avancé au Royaume du Maroc.
Madrid qui se targuait de sa capacité à « faire barrage » au Maroc auprès de l’UE, a désormais devant elle un redoutable avocat pour défendre bec et ongles les intérêts du Maroc auprès de l’UE.
Le timing de sa nomination est tout sauf le fruit du hasard. Il intervient sur fond de volonté commune de blinder les accords Maroc-UE (pêche et agriculture), face aux interférences du tribunal de l’UE, notamment sa décision du 29 septembre 2021 annulant les décisions du Conseil concernant les produits en provenance du Sahara marocain.
Il intervient alors que les différends entre Rabat et Madrid n’ont toujours pas été remis à plat, cette dernière continuant de se dérober à sa responsabilité dans l’accueil, le 18 avril dernier, sous fausse identité et avec des documents de voyage trafiqués par les services algériens, du chef des milices séparatistes, le dénommé Brahim Ghali, au mépris de ses propres lois et celles de l’Union européenne. Ce scandale d’État connu sous la dénomination « Ghali-Gate » continue de défrayer la chronique judiciaire en Espagne, secouer le landerneau politico-médiatique espagnol, et surtout la relation de confiance établie entre Rabat et Madrid, désormais contrainte de clarifier sa position politique sur la question du Sahara marocain avant de parler « affaires ».
Youssef Amrani, l’homme qui maîtrise ses dossiers
À son expérience politique (issu du parti de l’Istiqlal), Y. Amrani combine une expérience plus que trentenaire en tant que diplomate.
Licencié en Sciences économiques de l’Université Mohammed V de Rabat (1978) et diplômé en Management de l’Institut de management de Boston (USA), il a intégré le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération en 1978. Il a exercé en qualité de secrétaire des Affaires étrangères au cabinet du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération (1981-1984), puis détaché auprès du ministère de l’Energie et des Mines (1990-1992).
De 1992 à 1996, il occupe le poste de Consul général à Barcelone.
Il a occupé successivement les postes d’ambassadeur du Maroc en Colombie, en Equateur et au Panama avec résidence à Bogota (1996-1999), au Chili (1999-2001) et au Mexique, au Guatemala, Salvador, Honduras, Costa Rica, Nicaragua et Belize avec résidence à Mexico (2001-2003).
Il a occupé de 2003 à 2008 le poste d’ambassadeur, directeur général des relations bilatérales au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération.
En novembre 2008, M. Amrani est nommé secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. En 2011, il occupe le poste de secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UPM).
En janvier 2012, il a été nommé ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, une fonction qu’il a occupée jusqu’au 11 octobre 2013, date à laquelle il est devenu chargé de mission au Cabinet royal.
En août 2018, M. Youssef Amrani a été nommé ambassadeur du Maroc en Afrique du Sud, poste qu’il a occupé jusqu’à sa nomination en sa qualité de nouvel ambassadeur du Royaume après de l’Union européenne.