Le voyage nous invite à nous renouveler au sens positif du terme. La mobilité est le propre de l’être humain. L’eau qui stagne n’appartient plus au monde du vivant. L’homme est constamment préoccupé par son mental, les idées n’arrêtent pas de créer un mouvement dans sa tête. Le corps lui aussi est voué au mouvement. L’histoire nous renseigne énormément sur des voyageurs inconnus qui – depuis la nuit du temps – ont été obligés de se déplacer par nécessité ou par danger.
Bouger est synonyme d’une survie en quête d’autres horizons plus prometteurs. Cette migration est l’ancêtre du voyage car ce dernier est animé par la curiosité et par la soif de découvrir l’autre dans sa diversité qui se manifeste dans l’humain, dans les paysages, dans les cultures.
Le voyage ouvre la porte de la différence en traçant les contours d’un dépassement de soi. Casser ce miroir qui ne reflète que l’image de soi. L’autre, il est au bout du chemin. Il nous attend ou il vient vers nous.
Le voyage nous apprend que la fragilité est un don de l’acceptation de soi et que notre champ de perception doit être une niche de plusieurs horizons.
Voyager est une initiation et un apprentissage qui nous livre l’abécédaire de grandir autrement car le voyage nous rend humble et simple.
Mais le voyage doit être porté pas ces voyageuses et voyageurs qui croient pertinemment à l’abandon du soi, à l’acceptation de toutes les pérégrinations et les aléas d’une telle démarche. Le risque est présent à chaque étape.
Voyager c’est se perdre, et ne plus chercher ce lointain horizon du retour. Car quand on voyage, on se transforme, on change de peau, notre esprit rejoint l’éternel non retour. Le voyage devient une quête de soi, un questionnement ouvert sur l’énigme d’habiter le monde.
Et maintenant, avec ces frontières érigées de partout, y a t-il un moyen de voyager comme nos ancêtres sans passer par plusieurs bureaux, préparer tout un dossier, attendre et espérer d’avoir un pass pour voyager. Le charme d’un désir purement humain est passé à la trappe.
Voyager n’est plus une expérience de vie. C’est un défi contre cette nouvelle géographie du monde et ces ruptures d’espaces qui sont devenues l’emblème d’une humanité en chute libre.