Par Hicham EL MOUSSAOUI*
Le “Foundok Dar Dbagh”, situé à l’entrée de la médina de Tanger, du côté sud, et construit au 17ème siècle pour l’hébergement des visiteurs de la Médina, s’est implanté initialement dans une zone commerciale et artisanale, non loin du port et à proximité de Borj Hajoui et de la Grande mosquée.
Durant environ trois siècles, l’édifice a conservé sa fonction de “Foundok”, abritant les visiteurs de l’ancienne médina. Il offrait un exemple de l’architecture marocaine authentique, avec de grandes murailles et des sources d’eau internes. Avec l’extension de la Médina extra-muros, la bâtisse a connu une période de détérioration jusqu’à devenir un point noir pour les habitants du quartier, attirant des sans-abri et infesté de rongeurs.
Dans une zone historique, imprégnée d’un patrimoine matériel et immatériel, les responsables du programme de réhabilitation et de valorisation de l’ancienne Médina de Tanger (2020-2024) ont veillé à redonner vie à cet édifice et lui donner un rôle dans la redynamisation socio-économique de la Médina.
Les travaux de réhabilitation touchent à leur fin et ils révèlent déjà un joyau architectural, qui avait auparavant perdu sa magnificence à cause des poussières accumulées, des plantes parasites qui avaient poussé sur les murs, des murailles et planchers en ruine et des portes et fenêtres délabrées.
Une enveloppe d’environ 1,2 million de dirhams a été allouée à cette opération de réhabilitation et de valorisation de Foundok Dar Dbagh, érigé sur une superficie de 340 m2, sur deux niveaux, et qui doit son nom à l’activité des tanneurs dans un temps déjà lointain.
Actuellement, Foundok Dar Dbagh est devenu un édifice moderne avec une nouvelle fonction qui consiste à accueillir des femmes du milieu rural qui commercialisent des produits du terroir. L’édifice a été conçu comme un souk au cœur de l’ancienne Médina avec une gestion moderne et des galeries d’exposition attractives.
Les murs de l’édifice délabré ont été consolidés en conformité avec le modèle architectural de l’époque, notamment à travers le carrelage des sols en pierre et la couverture des toits en bois, soit les techniques de construction dominantes au 17ème siècle. Le bâtiment a été, en outre, décoré par des lustres en cuivre à verres colorés et les fontaines ont été refaites avec du carrelage (zellige) traditionnel et les robinets jaunes de l’époque.
S’agissant des travaux réalisés sur la bâtisse, l’architecte Taoufik Al Morabet, chargé du projet, a souligné que Foundok Dar Dbagh est considéré comme un patrimoine important de l’ancienne médina de Tanger, précisant qu’il fut bâti au 17ème siècle sous le règne du sultan Moulay Ismail et a servi comme “foundok” durant des siècles avant de tomber dans l’oubli il y a environ 70 ans.
M. Al Morabet a insisté que lors des réalisations des travaux de réhabilitation, un ensemble de normes pratiquées dans le domaine de réhabilitation du patrimoine ont été prises en compte, notamment les techniques et les méthodes de réhabilitation des murs, du carrelage en pierre et des planches en bois, inspirées des techniques utilisées par les maçons de l’époque, et ce pour redonner vie au site.
Il a, par ailleurs, indiqué que l’édifice a bénéficié de travaux de réhabilitation et de valorisation, afin de le transformer en espace pour commercialiser les produits du terroir, dans le cadre du programme de réhabilitation et de valorisation de l’ancienne médina de Tanger, en particulier le volet relatif au renforcement de l’attractivité touristique et économique de l’ancienne médina, notant que cette initiative permettra de faire travailler au moins 20 femmes qui produisent ou commercialisent ce type de produits.
Selon l’architecte, ce programme dont la mise en oeuvre est assurée par l’Agence pour la promotion et le développement du Nord (APDN), sous la supervision directe du wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, implique aussi des intervenants de la société civile locale pour préserver la mémoire des lieux et leur gestion, et s’assurer de la participation de la population locale aux projets de réhabilitation.
Dans ce sens, Mohamed Saïd Bekkali, représentant de l’association place Dar Dbagh pour le développement touristique, a souligné que tout le quartier a bénéficié d’un projet de réhabilitation et de réparation dans le cadre du programme de réhabilitation et de valorisation de l’ancienne médina de Tanger, mettant en exergue les efforts colossaux consentis, qui apportent une grande valeur ajoutée au quartier en termes de propreté, du problème des sans-abri et de la beauté des lieux afin d’attirer des touristes.
Il a également estimé que cette initiative permettra de créer des postes d’emploi stables, notamment dans la commercialisation des produits du terroir.
*MAP