Fatima Khair est devenue l’événement phare pour les amoureux de l’art et de la culture car c’est la première fois au Maroc, qu’une femme comédienne fasse son entrée comme députée à la Chambre des représentants à côté de l’actrice Kalila Bounaylat. Elle a fait « Le buzz », désolé pour cette expression, qui est limité dans le temps ainsi que la mission de la comédienne qui doit prendre en considération ce facteur primordial dans le processus de son action.
Ce qui interpelle dans cette focalisation pleine de connotations, c’est qu’en premier lieu il s’agit d’une femme incarnant une certaine modernité, tout en jouissant d’une notoriété et d’un respect que les Marocains lui réservent. Cet événement, nous rappelle la regretté Touria Jabrane qui a brigué au temps du gouvernement d’Abbas El Fassi – le poste de ministre de la Culture. Cette dame est restée égale à elle-même et elle a fait preuve d’une humilité sans précédent et d’une écoute attentive des doléances de ses anciens collègues qui ont choisi ce parcours si éprouvant de la culture.
Fallait-il interpréter cet enthousiasme comme une délivrance d’un fardeau qui s’est exprimée comme un besoin d’un nouveau souffle ou un manifeste pour l’émergence d’un nouveau visage appartenant à un certain esprit d’ouverture. Il a fallu tourner la page pour placer une figure artistique dans un espace où on a fustigé l’art, en galvaudant une soi-disant revendication « d’un art propre », respectueux d’une idée intrigante du rôle de l’art et de ses expressions dans la vie quotidienne des gens.
Fatima Khair est désormais le symbole d’un changement et d’une sortie triomphante de cet univers castrateur de toute action artistique qui se veut novatrice et porteuse d’une idée du bien-être humain et d’une joie de vivre. Il est clair que cette ruée vers cette célébration, a les arguments qui peuvent justifier son ampleur. Mais, nous devons être conscients d’une réalité à ne pas occulter et mettre en exergue le besoin d’une présence plus substantielle de la femme dans tous les secteurs vifs du Maroc. Ainsi, on a du chemin à faire dans ce sens-là.
La question que nous devons se poser et qui va peut-être peser lourd sur le rôle que va jouer notre comédienne au sein du parlement: est-ce que son appartenance au monde de l’art va l’inciter – malgré l’abondance des questions relatives au quotidien des citoyens- à faire le nécessaire pour défendre ce secteur mal considéré dans notre pays ? Les jours à venir nous révélerons des réponses claires à ce sujet.
Beaucoup d’espoir est en train d’être tissé dans cette attente d’un nouveau gouvernement. La culture est loin d’être « un objet non essentiel », voilà un chantier à entreprendre avec une vraie volonté de le placer au cœur des préoccupations les plus urgentes car les blessures les plus mortelles pour une nation, viennent d’un vide culturel et artistique.