Le premier chapitre des élections générales est pratiquement clos. Le tableau des résultats a été dressé par le ministère de l’Intérieur.
Les observateurs, eux, avisés, peu ou pas avisés, ont les doigts sur les calculatrices. À défaut de disposer d’un tableau de bord, ils le créent. Une bonne occupation des méninges en ces temps où la canicule risque de les endormir.
Du coup, on les tient en éveil. Et par la même occasion, cela invite le grand public à y mettre du sien.
Dans un café, un groupe de personnes joue aux pronostics. Quelques mois avant, j’aurais cru qu’ils parlaient football. D’un sérieux grave, ils font et défont la composition du prochain gouvernement.
Pathétique !
Un jeune, comme pour mettre en mots une révélation dit: « Aucun Pjdiste n’y sera ! ». Rires autour. « Ils sont, d’ores et déjà, grillés », argue l’autre en grillant sa cigarette. Un autre, voulant mettre de l’ordre dans l’échange, avance: « Maintenant que les chiffres sont connus, il faut aller au-delà du constat immédiat ! ».
Au bout d’une table avoisinante de « la table politique », un homme d’un certain âge s’invite dans le débat: « Le constat de l’immédiat est tout aussi important pour comprendre où on était, où on est aujourd’hui et où on va après !? ». Il revient, en sirotant son café, à ses lunettes et replonge dans son journal.
La table politique acquiesce par un hochement de tête approbatif. Le débat reprend de plus belle.
Le « sage » du groupe (c’est comme ça qu’on l’appelle) qui suivait les échanges sans mot dire, prend la parole.
Débit lent, les phrases construites, il se lance dans une diatribe qui va du constat aux projections en passant par des rappels historiques.
En gros, il avance qu’on ne devrait pas revivre les tensions de la dernière décennie. Le premier parti sorti des urnes n’aurait pas, selon lui, beaucoup de mal à constituer une majorité confortable et cohérente. Il voit déjà le parti de la Balance du côté de celui de la Colombe. Sachant, argue-t-il, que nonobstant les divergences, il n’y a jamais eu de confrontation directe ou malveillante entre les leaders actuels des deux formations.
Et d’ajouter, que la Rose, de par sa récente expérience avec la Colombe, pourrait aussi rejoindre une possible coalition. Pour le parti de l’Epi et du Cheval, ils seraient dans une « entente » historique avec la Colombe. Au regard des résultats, ces cinq formations seraient bien parties pour former une majorité sans faire recours aux autres. Et puis, renchérit-il, une telle configuration pourrait être reproduite sur les plans local, voire régional. Les résultats de ces élections pourraient y présider.
Et les autres alors, apostrophe-t-on. « Ce n’est qu’une lecture ! », répond le « sage ». « Après, il faut attendre les premiers contacts officiels entre les différentes acteurs ! ». Ainsi, prend fin son intervention.
Toujours est-il, comme dans ce café, que les mêmes discussions animent les « salons » des grandes villes du Royaume. Particulièrement à Rabat et à Casablanca, m’informe un ami. Ceci au moment où, sur les plateaux des télévisions, on croit comprendre que, sauf le parti perdant et ceux qui ont récolté peu de voix, toutes les formations voudraient être de la prochaine majorité ! Comme s’il s’agissait d’une fin en soi.
Ceci étant, on est juste dans des scénarisations entre personnes qui débattent autour d’un café.
Néanmoins, conclut mon ami, le pays a besoin d’une majorité soudée, une équipe resserrée, une team de choc. L’objectif étant, en définitive, de s’attaquer aux urgences et priorités connues.
Qui a dit que la politique n’intéresse pas ?