Depuis son élection à la tête de l’USFP en 2012, Driss Lachgar n’a pas pu s’ériger en véritable leader de ce parti qui, il est vrai, est en chute libre depuis des années. Ses détracteurs le désignent comme un premier secrétaire mal-élu, lors du neuvième congrès du parti où ils ont évoqué des fraudes électorales. En tout cas, la méthode Lachgar a consacré la division au sein du parti qui a perdu beaucoup de ses cadres dont certains parlementaires ont essayé de faire scission.
Ils n’ont pas pu aller plus loin parce que la loi interdit la transhumance et ils auraient perdu leurs mandats de députés s’ils avaient créé un nouveau parti. Mais cet obstacle n’a pas empêché la persistance des luttes intestines au sein de l’USFP qui a continué à perdre de plus en plus de sièges dans les élections législatives, communales et régionales.
Les chiffres sont têtus quand on sait que l’USFP a dégringolé à la cinquième place en décrochant, à peine, 20 sièges dans les législatives de 2016, juste de quoi composer un groupe parlementaire. Le parti a été classé huitième à la chambre des conseillers, sixième dans les collectivités locales et n’a présidé aucun conseil de région.
Une déconvenue qui n’a pas, pour autant, ébranlé l’impassible Lachgar qui s’est félicité d’une manière presque cynique en parlant de réduction de dégâts au lieu de gain de voix: « Si l’USFP a perdu 300.000 votes entre 2003 et 2009, il n’en a perdu que 100.000 entre 2009 et les dernières élections locales ». Il est vrai qu’au lieu de restructurer le parti, Lachgar a versé dans des propos et des actes qui ont privilégié le clanisme sur tout autre projet de société.
C’est ce qui a fait dire à ses opposants mais aussi à beaucoup d’observateurs politiques que le patron des socialistes manque de crédibilité et de leadership pour pouvoir redorer le blason d’un parti en décadence. Des critiques qui ne semblent pas le déstabiliser puisque dans un ouvrage autobiographique, Lachgar ne se gêne de dire du bien de son humble personne.
C’est, somme toute, naturel humainement mais en politique il faut savoir raison garder pour éviter de prononcer de tels propos: « Je n’ai pas été parachuté. Une simple lecture de l’histoire prouverait que ma réussite était le couronnement d’un parcours sans faille ». Sachant qu’il est mal-aimé, à tort ou à raison, Lachgar passe tout son temps à se défendre au lieu de passer à l’offensive.
Il justifie ainsi ses défaites comme il peut: « Harassés par mon activisme et ma lutte, les lobbies corrompus m’avaient privé de briguer un quatrième mandat à travers leurs manœuvres« . Ceci étant, il demeure sincère avec lui-même quand il évoque sa nomination en tant que ministre chargé des relations avec le Parlement: « Mon investiture en tant que ministre a suscité un débat violent auprès de l’opinion publique nationale. Un clivage avait vu le jour entre partisans et adversaires, que ce soit au sein du parti ou ailleurs ».
C’est presque un constat d’échec qu’il dresse, de lui-même d’abord, et de sa gestion mais il n’ira pas plus loin jusqu’à révolutionner le parti, voire démissionner. D’autant plus qu’à peine élu, il s’est comporté comme le propriétaire d’une ferme familiale en nommant son fils et sa fille au sein de la commission administrative du parti.
De la part d’un socialiste, c’est une décision contre nature d’autant plus que c’est cette commission qui était chargée d’élire le bureau politique. L’actualité familiale de Lachgar va être, encore sous les feux de la rampe, quand la presse nationale avait rapporté que son fils Hassan a été nommé chef du cabinet du ministre de la fonction publique d’alors, Mohamed Benabdelkader.
Des critiques qui n’ont pas découragé le chef de l’USFP à pousser son fils sur la scène politique pour briguer des sièges parlementaire et local. C’est ainsi que lors d’une réunion du parti, qui a eu lieu en mars dernier, Lachgar a désigné son fils Hassan comme tête de liste à Rabat aussi bien pour les législatives que les communales.
Auparavant, le patron de l’USFP a été la cible de nombreux critiques quand des informations avaient circulé sur une éventuelle nomination de sa fille Khaoula en tant qu’ambassadeur du royaume en Éthiopie. Personne ne peut préjuger des compétences des enfants Lachgar et ils méritent de briguer des postes comme tous les Marocains s’ils le méritent.
Mais comme partout dans les pays démocratiques, il vaut mieux laisser les enfants voler de leurs propres ailes et les éloigner de la politique surtout lorsqu’on dirige un parti qui a perdu beaucoup de sa crédibilité.