Le nouvel ambassadeur de Chine au Maroc, Li Changlin, qui a pris ses fonctions en avril dernier, est un diplomate chevronné qui a été chargé de poursuivre la bonne dynamique des relations de coopération entre les deux pays. Il n’a pas attendu longtemps pour entamer sa mission et faire plusieurs sorties officielles en rencontrant notamment le chef du gouvernement et dernièrement en ayant un entretien avec le haut commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi, sur le nouveau modèle de développement.
Sa dernière activité a eu lieu lors de la cérémonie commémorative du centenaire du parti communiste chinois (PCC) où Li Changlin a mis en exergue l’excellence des relations politiques entre son pays et le Maroc. A première vue, cette déclaration semble tout à fait normale quand on sait que les deux pays entretiennent, depuis longtemps, des relations d’amitié et de coopération très développées. Des relations qui ont été renforcées par la signature d’un partenariat stratégique lors de la visite du roi Mohammed VI en Chine en 2016.
Mais l’ambassadeur de la Chine ne s’est pas contenté de ce propos et a affirmé que : « Le Maroc et la Chine militent pour le multilatéralisme et le principe de non ingérence dans les affaires intérieures des pays tiers ». Là aussi, il est vrai, il ne fait que réitérer deux principes communs aux deux pays. Mais là où il faut bien tendre l’oreille, c’est quand Li Changlin ajoute que les deux pays adhérents à ces principes au même titre qu’ils : « sont très attachés à la souveraineté nationale, à l’intégrité territoriale et au droit au développement ».
Placée dans le contexte actuel après la reconnaissance par les États-Unis de la marocanité du Sahara, cette déclaration sonne fort.
Même si ce propos est implicite, il signifie que le Chine défend la souveraineté nationale du Maroc et son intégrité territoriale. Or ces deux principes sont, par définition, extensibles à la souveraineté du Maroc sur son Sahara comme l’est le Taiwan pour la Chine. Il faut rappeler que la Chine a toujours affiché une neutralité positive envers le dossier du Sahara marocain et qu’elle a toujours voté pour les résolutions du Conseil de sécurité qui louent la solution de l’autonomie proposée par le Maroc.
Encore faut-il rappeler qu’il y a des gestes qui ne trompent pas comme celui de ces hommes d’affaires chinois qui se sont rendus à El Guergarate au lendemain de l’intervention salvatrice des Forces armées royales. Ce qui est réjouissant dans les relations entre les deux pays, c’est que l’excellence des relations politiques est proportionnelle à celles économiques. Une coopération parfaite qui a été ponctuée, en ces moments de crise épidémiologique, par l’accord signé avec le laboratoire Sinopharm pour la livraison des vaccins anti-covid au Maroc.
Sans oublier le projet de la cité Mohammed VI, Tanger Tech, dans lequel s’investissent les entreprises chinoises CCCC et CRBC spécialisées dans l’ingénierie et les grands projets d’infrastructures. Cette coopération multidimensionnelle s’étend au domaine militaire quand on sait que la Chine a livré au Maroc une série de batteries de missiles longue portée. Autant dire que la déclaration de l’ambassadeur Li Changlin sur la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale est beaucoup plus explicite sur la marocanité du sahara qu’on le croit.