Annonce en a été faite dans nos colonnes en octobre dernier, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée à Marseille a remis au Maroc environ trois tonnes soit 24.459 pièces archéologiques « rares ».
Une quinzaine d’années après les saisies par les douanes françaises et environ vingt semaines après l’annonce, ce lot de pièces fait l’objet d’une « cérémonie de présentation » où plusieurs personnalités ont fait le déplacement, à leur tête le ministre en exercice de la culture, de la jeunesse et des sports, ainsi que Madame l’ambassadeur de la république française et d’autres personnalités.
Les déclarations ont principalement concerné la nécessité de préserver le patrimoine, les efforts communs en la matière, qui seraient le résultat entre autres de la convention de Genève de 1970 concernant la lutte contre le trafic illicite des biens culturels.
Soit, faut-il (re)préciser que ces pièces n’ont été que le résultat de quelques saisies occasionnelles datant de 2005 et 2006 ; et qu’en termes de trafic illicite de ces pièces inestimables l’opacité règne, en l’absence d’un soupçon d’étude ou de chiffres sur le sujet.
Certes, le Ministre de la culture a annoncé un projet de loi qui concernerait la Fondation Nationale des Musées, chose qui pourrait être positive, mais il serait temps de penser sérieusement à une réponse transversale et globale pour préserver les traces de notre lointain passé.
Le legs de nos ancêtres, témoin de notre histoire ancestrale et multiculturelle, devrait être une priorité nationale, où tous les services de l’État devraient être amenés à jouer un rôle fondamental, puisque si seulement trois saisies des douanes françaises il y a une quinzaine d’années ont permis de récupérer près de 25.000 pièces, quelle serait la véritable ampleur de ce trafic ?
On peut soupçonner sa réelle ampleur grâce à cette restitution, qui pour aboutir a duré une quinzaine d’années, et qui en fin de compte n’est qu’une goutte d’eau dans un océan aux abysses incommensurables, maquillées hélas par des déclarations de circonstance en l’absence d’une action long-termiste visible, concrète et tangible.