La procédure de destitution dans le droit anglo-saxon, nommée « impeachment », permet dans les faits au pouvoir législatif de destituer un haut fonctionnaire, ce qui aux États-Unis inclut notamment le président et son vice-président, les membres de son cabinet et même les juges fédéraux.
Cette bataille juridique faisant rage dans les instances législatives américaines, sur fonds de transition présidentielle, passionne les médias mondiaux et multiplie les analyses et pronostics.
Le principal intéressé quant à lui juge la procédure « ridicule », en marge d’un déplacement dans le mur frontalier au Texas, dans une opération de communication politique, puisque ladite séparation est l’une de ses promesses phares lors de la campagne de 2016.
Il est aisé d’en conclure que le président sortant garde une ambition politique malgré sa défaite, et le plus chevronné des prospectivistes politiques ne saurait prédire ou spéculer sur l’avenir de sa carrière politique ; sauf peut-être la conviction que le 45ème président américain souhaite toujours revenir aux commandes de la première puissance mondiale.
Le discours de Donald Trump, depuis l’annonce des résultats jusqu’au moment où il admit sa défaite il y a quelques jours, ne laisse aucune équivoque ; notamment lorsqu’il annonce que « Cela représente la fin de l’un des meilleurs premiers mandats présidentiels et ce n’est que le début de notre combat pour rendre sa grandeur à l’Amérique. »
La persistance de ses adversaires politiques à vouloir absolument le destituer, à moins de dix jours de la date de la passation de pouvoir, prend tout son sens si l’on estime que la finalité est d’enterrer sa carrière politique.
A mon sens, cette position omet de facto la montée en puissance des maints mouvements antisystèmes, parfois aux idéologies extrêmes, qu’un autre politicien pourrait exploiter dans une course prochaine à l’investiture, puisqu’ils seront toujours des voix à prendre.
Ceci du moins, le président sortant l’avait compris et en a usé, démentant tous les pronostics, et quand bien même sa carrière politique s’achèverait, les voix de ses millions d’électeurs seront toujours comptabilisées dans les prochains scrutins.
Au-delà des individus, cette récente crise politique américaine nous enseigne que le rôle premier des politiques est de travailler à créer les conditions économiques et sociales d’un vivre-ensemble et atténuer les fractures sociales ; auquel cas les urnes resteront toujours des boites de pandore face à l’élitisme, estimé souvent -à tort ou à raison- comme éminemment condescendant.
C’est la finalité du politique de travailler à satisfaire le citoyen et l’équation restera toujours problématique, puisque comme disait Nicolas Machiavel « On s’attire la haine en faisant le bien comme en faisant le mal » ; mais il disait aussi que « Là où la volonté est grande, les difficultés diminuent ».