La future télévision d’information continue de la MAP (M24) ambitionne de présenter « un produit en arabe inédit » qui a pour objectif de rapatrier une audience marocaine et consolider, ainsi, la souveraineté nationale en matière d’information, a indiqué le Directeur Général de l’Agence marocaine de presse (MAP), M. Khalil Hachimi Idrissi.
M24, qui existe déjà sous un format expérimental de type « Euronews », « sera lancée dans deux ou trois mois », a souligné M. Hachimi dans un entretien accordé au site d’information électronique Médias24.com.
Selon une étude, a expliqué M. Hachimi Idrissi, les Marocains écoutent 45 minutes d’informations par jour, dont 20 minutes sur les médias nationaux et 25 minutes sur des supports étrangers. La MAP souhaite récupérer, à travers sa télévision M24, 10 à 15 min sur les 25 consacrées aux médias étrangers, a précisé le DG de l’Agence marocaine de presse. Elle vise 5 % ou 6 % de parts de marché.
L’ambition du nouveau support d’information audiovisuel de la MAP représente un « projet de rapatriement d’audience en vue de consolider la souveraineté nationale en matière d’information », a-t-il affirmé.
M. Hachimi Idrissi a fait savoir que cette télévision adopte un modèle « slow-news » qui essaye de débattre, d’expliquer et de convaincre pour donner aux acteurs de la vie économique, politique et sociale le temps d’expliquer aux téléspectateurs ce qu’ils font.
En plus de M24, la MAP a annoncé le 6 octobre courant, sa radio d’information en continu sur internet, RIM Radio, qui propose à la fois un flux live et des capsules audio à la demande.
Diffusée en langue arabe sur « www.rimradio.ma », la plateforme permet d’écouter en live des journaux radiophoniques, des émissions et des reportages préenregistrés (podcasts) en streaming et téléchargeables.
La diversification des produits de l’Agence, qui présentait un mono-produit à savoir la dépêche, s’est imposée avec, dans un premier temps, une analyse préalable de l’activité de la MAP puis avec la vision stratégique développée par la suite, a-t-il assuré, expliquant que la volonté de se diversifier s’est inscrite dans un contexte de mutation avec une digitalisation croissante et une presse électronique en plein essor où le web commençait à bouleverser l’ensemble des données du paysage médiatique.
En outre, le DG de la MAP a fait observer que cette mutation a permis l’arrivée d’une nouvelle génération de journalistes mieux formés au digital qui a apporté à l’agence un savoir-faire, un souffle nouveau et de la fraîcheur.
Au terme de cette transition digitale, « tous les vecteurs avec lesquels nous toucherons nos abonnés et nos clients seront numériques y compris sur les réseaux sociaux », s’est-il félicité, ajoutant que la MAP est présente sur les différents réseaux sociaux, à savoir Facebook, Instagram et Twitter, via des mises à jour effectuées toutes les heures par une équipe très motivée.
S’agissant du chiffre d’affaires de l’Agence, M. Hachimi Idrissi a fait savoir que la MAP a triplé son CA au cours de la dernière décennie en passant de 17 à 45 millions de dirhams, précisant que jusqu’en 2011, l’essentiel des recettes venait des dépêches, mais aujourd’hui les autres services ont pris le pas avec une nouvelle offre de packages, source de revenus très intéressante.
« A mon arrivée, la MAP réalisait 17 millions de dirhams de chiffre d’affaires contre 45 aujourd’hui mais à terme, nous tablons sur 100 millions DH de revenus auxquels contribueront tous les services que nous proposons (dépêches, photos, publicité…) », a-t-il détaillé, estimant que c’est un objectif « très modeste » qui peut être atteint en 2022 ou 2023.
Par ailleurs, M. Hachimi Idrissi a évoqué les publications print de la MAP qui s’inscrivent dans une volonté naturelle de retrouver le kiosque à un moment où le secteur dans sa globalité est à la recherche d’un nouveau souffle et un nouveau modèle économique.
« Ce retour du service public dans les kiosques nous a semblé stratégiquement important parce que l’ensemble du secteur ne pouvait plus faire face aux contraintes des mutations numériques », a-t-il tranché.
Le fait d’y croire est donc « un message très important car nous voulons que la voix du service public puisse s’exprimer partout, sur toutes les périodicités et dans tous les formats numériques ou print », a-t-il conclu.