
Par: Abdelhamid JMAHRI

À l’instar de « Zorro », qui signe d’un coup d’épée la lettre Z, la génération Z, qui a battu le pavé hier samedi 27 septembre, signe avec la même lettre, remplaçant le cheval par une chevauchée sur la vague du numérique et des algorithmes, tout en s’efforçant de rester convaincante et inconnue des autres.
L’appartenance, en soi, est la signature d’une identité collective pleine de ressources (comme le renard espagnol du nom Zorro) qui lutte contre l’injustice, la force et l’oppression et vise à protéger les faibles.
Cette génération peut être considérée comme la descendante des premiers rebelles, comme Don Diego de la Vega. C’est une nouvelle génération !
On pourrait dire que chercher la source de la colère à l’extérieur revient à prouver que l’été explique les chutes de neige : les causes se trouvent à l’intérieur, dans les profondeurs sociales.
J’oserais dire qu’il existe chez cette génération les graines de troubles, qui correspondent à une vague de colère silencieuse. Pour eux, la revendication sociale est le plafond et le parapluie de cette étape.
Trouver des sources externes pour expliquer cet appel revient à nier trois faits qui sous-tendent tout sursaut de ce type :
- Premièrement, il ne s’agit pas d’un mouvement transnational, comme l’était le Printemps arabe, ce qui le rend facile à pénétrer et à exploiter par les acteurs internationaux. Contrairement au Printemps arabe, dont le fil conducteur politique était les mouvements islamistes, qui faisaient l’objet d’un pari américain et occidental (euro-atlantique) clair, ce mouvement est régi par sa propre logique interne. Même les opposants régionaux n’ont aucune capacité d’influence. Par conséquent, les considérations géopolitiques qui ont motivé la présence politique des islamistes lors du Printemps arabe (qui n’aurait pas été possible sans la fragilité de la situation, la tyrannie, la corruption, l’asphyxie démocratique et l’incompétence flagrante des puissances intermédiaires, etc.) sont ici absentes, comme si elles étaient acquises.
- Deuxièmement, nous savons qu’une partie de ce calcul géopolitique était que l’arrivée d’islamistes « modérés » affaiblirait la puissance terroriste des organisations djihadistes, même si un tel pari n’a pas réussi, il était également présent dans l’agenda géopolitique des pays et des superpuissances, ce que nous ne pouvons pas prendre en compte dans ce cas.
- Troisièmement : Dire que les raisons qui motivent la jeunesse en colère et les autres ne sont pas marocaines, Il s’agit d’une tentative d’évasion, car il existe de nombreux seuils internes, notamment le fait que des institutions sérieuses comme le Conseil social et le Haut-Commissariat au Plan ont déjà émis des avertissements très clairs à l’intention du Maroc tout entier, sur l’existence d’une nouvelle génération en dehors du cadre habituel et de la préparation sociale, soit près de 3 millions de jeunes qui ne sont ni à l’école, ni en formation, ni en emploi, connus sous le nom de génération NEET (pour Not in Education, Employment, or Training en anglais), mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont sortis du cycle de la colère !
Parmi eux, les chiffres du chômage et de la fragilité ont atteint un niveau élevé qui ne peut être ignoré, en plus du sentiment que les revendications, les rêves et la liberté ne sont pas écoutés. Cela inclut également l’arrogance qui caractérise le comportement général des dirigeants politiques du gouvernement, des régions et des provinces. Cela a créé un sentiment de ressentiment et de «hogra» -injustice) qui touche tout le monde, et pas seulement les jeunes de la génération Z !
- Quatrièmement : Il existe un sentiment général de futilité des institutions, placées sous le contrôle et l’autorité politique d’un parti unique à trois têtes. Les institutions et les marges de manœuvre ont été étouffées, et il est devenu évident que l’extension sociale des structures politiques qui gèrent les affaires politiques est absente. Avec la difficulté de faire passer un message dans un langage sec et officiel, et sans militants convaincus de communiquer avec les secteurs d’où pourraient venir la colère et donc le cadrage (le syndicat, par exemple).
Qui d’entre nous n’a pas été indigné par l’exagération du discours d’autosatisfaction et de réassurance partisane du gouvernement et de ses composantes, alors qu’en même temps des attaques sont échangées (ce qui donne l’impression qu’il y a une dispute entre complices qui se partagent le butin) ? Cela confirme le manque de sérieux de l’action politique et l’impératif moral qui la sous-tend, et renforce notre sentiment collectif qu’il existe une arrogance et une suffisance comportementale qui ne valorisent pas les individus.
La Nouvelle Génération du Maroc
Elle n’est pas née du néant dans son pays, de sorte que l’on pourrait dire que des mains s’emploient à exploiter sa colère. Elle naît plutôt de l’essence même de la liberté de cette nouvelle ère : la rue est devenue un printemps perpétuel ! Et la rue elle-même, comme nous l’avons observé, a commencé à vibrer à deux rythmes : Le rythme de l’appartenance à l’horizon de la libération humaine à travers la cause palestinienne, ou le rythme des enjeux sociaux comme dans les manifestations dans un Maroc qui bouge à deux vitesses (à deux allures..!) : cette génération a peut-être traduit l’appel du Roi, selon lequel nous n’avons plus le droit de vivre dans un Maroc à deux vitesses. Il souhaite créer une réalité socioculturelle : selon le nouveau modèle de développement, la première phase, de 2020 à 2025, est la phase de lancement. La phase de pleine cadence (10 % du PIB annuel) débute en 2025. Cette phase s’étend jusqu’en 2030, hors Coupe du monde.
On peut dire, sans se tromper, que la phase de lancement a insufflé une nouvelle dynamique. Voici ses prémices… Avant ce jour, les confins du Maroc, à Taounate et Aït Bouguemaz, étaient descendus dans la rue lors d’une marche de protestation massive vers le siège du pouvoir. C’est un modèle qui est voué à se multiplier en l’absence des conditions les plus élémentaires, face aux égos partisans qui grossissent et contrôlent les affaires sans aucun résultat sur le terrain !
Les deux secteurs concernés (santé et éducation) connaissent depuis près de cinq ans des tensions de A à Z, des études et formations jusqu’à l’obtention du diplôme et enfin jusqu’au travail et à la performance professionnelle. Contrairement à ce que l’on croit généralement, il n’existe aucune approche sécuritaire face à cette situation. Les services de sécurité ont peut-être été surpris par la manifestation de la Génération Z et n’ont eu d’autre choix que de mobiliser leurs forces, et ils souhaitaient agir avec prudence et circonspection.
Peut-être que les actions des forces de sécurité visaient davantage à contrôler la génération en question qu’à la réprimer : « Il y en a qui nous ont surpris… »
Nous, syndicats, partis, élites, individus, familles, institutions officielles et civiles, devons ressentir le même besoin de connaître la colère qui couve dans les profondeurs de la réalité… alors que nous croyons que « le monde est facile » et les Marocains sont heureux !
« Chaque fois que tout va bien, le gouvernement s’en vante, mais quand les choses deviennent difficiles, on l’impute au Roi et aux forces de sécurité ! »
Personnellement, je ne crois pas que les jeunes aient brisé un « mur de la peur ». Ils ont plutôt choisi la voie qui leur convient le mieux pour exprimer un besoin et une conviction qui leur sont propres. Les nations qui n’écoutent pas leur jeunesse périront sous le froid !





