Dans le Mémorandum d’Entente signé, hier vendredi 19 septembre à Pékin, par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et son homologue chinois, Wang Yi, le Royaume du Maroc et la République populaire de Chine font état de « convergences de vues, de principes et de valeurs, notamment en ce qui concerne le respect de la souveraineté nationale, l’intégrité territoriale des Etats, ainsi que la lutte contre le séparatisme et l’extrémisme ».
Rabat et Pékin ont un ennemi commun -le séparatisme- et il est tout à fait logique qu’ils fassent cause commune. Simplement, Pékin a traîné le pas sur cette question. Alors que le Maroc a pris l’ascenseur pour reconnaître le principe d' »une Seule Chine », la Chine, elle, a pris l’escalier là où il fallait juste renvoyer l’ascenseur.
Mais qu’à cela ne tienne, mieux vaut tard que jamais. La question est désormais placée au centre de l’agenda bilatéral, comme l’indique le protocole d’entente qui vient d’être scellé à Pékin, instaurant le mécanisme de Dialogue Stratégique entre les MAE du Maroc et de la Chine.
Sans vouloir forcer l’interprétation, ce protocole d’accord laisse entrevoir un changement de pied chinois majeur sur la question du Sahara marocain, « prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international, et l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats que le Royaume établit » (discours de S.M le Roi à l’occasion du 69è anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, 20 août 2022).
D’autres indicateurs, et non des moindres, plaident pour ce basculement chinois tant attendu. Dans le même protocole d’accord, la Chine reconnaît expressément « le rôle du Maroc comme plateforme régionale incontournable et passerelle naturelle pour la coopération sino-africaine et sino-arabe, en raison de sa position géostratégique, sa stabilité politique, ses infrastructures de qualité et ses partenaires diversifiés ».
Venant de Chine, champion mondial du pragmatisme, ces déclarations font foi. Il ne lui reste plus qu’à franchir le pas décisif et ainsi rejoindre, sans plus tarder, le camp grandissant des soutiens internationaux de la marocanité du Sahara.
