Correspondance de Paris. Al-Kindi, dernier lycée musulman de France, perd son contrat avec l’État. Colère…

Paris- Zakia Laaroussi 

La France, pays des Lumières et berceau des droits de l’homme, connaît une controverse permanente sur les relations avec la communauté musulmane, qui est la deuxième religion du pays. L’un des derniers événements qui ont suscité des discussions a été la décision des autorités de mettre fin aux contrats d’association entre l’État et le groupe scolaire «Al-Kindi», la dernière école islamique de France à avoir conclu des contrats d’association avec l’État. Cette décision a suscité de nombreuses inquiétudes quant à l’avenir des étudiants musulmans et à d’autres questions liées à l’ouverture aux cultures et aux religions.

L’école Al Kindi, située dans la région lyonnaise, est bien plus qu’un simple établissement d’enseignement ; c’est un symbole de l’identité culturelle et éducative de la communauté musulmane. L’école compte plus de 600 étudiants, hommes et femmes, représentant diverses classes sociales, dont plus de la moitié bénéficient de bourses. L’école propose un enseignement équilibré alliant programme officiel français et respect de la vie privée religieuse des élèves, ce qui en fait un modèle unique de fusion entre identité islamique et valeurs républicaines.

La France, connue comme un bastion des droits de l’homme et des libertés, se trouve confrontée à des contradictions entre les principes qu’elle promeut et les politiques qu’elle met en œuvre. La décision de résilier les contrats avec l’école Al-Kindi pour «violations des valeurs de la République» soulève des questions sur l’interprétation de ces valeurs, surtout à la lumière du soutien continu de l’État à des milliers d’écoles catholiques, alors que les écoles islamiques sont exclues du même soutien. Une politique de deux poids, deux mesures, car il semble y avoir une divergence dans l’application des principes de laïcité et de neutralité religieuse fondée sur l’identité religieuse des groupes ciblés.

Outre la dimension politique, cette décision a des répercussions humanitaires et sociales. L’école Al Kindi n’est pas seulement un établissement d’enseignement, mais plutôt un espace qui donne aux étudiants musulmans un sentiment d’appartenance et de confort pour pratiquer leur identité dans un environnement éducatif équilibré. L’absence de ce type d’école peut conduire à un sentiment d’isolement chez les jeunes musulmans, ce qui risque d’exacerber les problèmes d’intégration et d’appartenance à la société française. La montée du discours anti-islamique en France renforce les craintes que les musulmans en tant que groupe religieux soient pris pour cible.

Bien que la laïcité française repose sur le principe de neutralité envers toutes les religions, sa pratique sur le terrain se traduit souvent par des restrictions inégales, visant notamment les minorités musulmanes. La France est confrontée à une question fondamentale : comment parvenir à un équilibre entre la protection de son identité laïque et le respect de la diversité culturelle ?

Répondre à cette question nécessite une révision honnête des politiques publiques et l’ouverture d’un dialogue sociétal qui promeut les valeurs d’égalité et d’inclusion. Le cas de l’école Al-Kindi n’est pas qu’un événement passager, mais plutôt un test de la capacité de la France à réaliser ses principes républicains dans un environnement multiculturel. Si la France ne parvient pas à traiter cette question de manière équitable, elle risque de perdre la confiance d’une grande partie de ses citoyens et d’encourager l’approfondissement des divisions sociales. Aujourd’hui plus que jamais, la France doit vaincre la peur de la différence et œuvrer à construire une société qui embrasse toutes ses composantes sans discrimination ni exception.