L’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, fait à nouveau parler de lui. Mais cette fois à Rabouni, QG de la milice séparatiste du « polisario », qui a réagi violemment aujourd’hui à ses propos tenus jeudi 21 mars 2024 à la Faculté de Droit Rabat-Agdal. Dans un communiqué, la milice à la solde d’Alger a qualifié de « dangereux » les propos de M. Lecourtier.
Or, qu’y a-t-il de « dangereux » dans les propos de M. Lecourtier ? Assailli de questions sur la question du Sahara marocain, serpent de mer qui continue d’envenimer les relations maroco-françaises, malgré les récents signes de réchauffement envoyés de part et d’autre, M. Lecourtier est revenu entre autres sur un épisode lointain de la « guerre du Sahara », soit le bombardement le 17 décembre 1977 par l’aviation française de colonnes de la milice séparatiste terroriste qui regagnaient leurs bases à Tindouf après avoir attaqué le train minéralier Zouérate-Nouadhibou, en Mauritanie. Plusieurs dizaines de miliciens séparatistes avaient trouvé la mort dans cette opération menée par deux escadrilles de douze avions Jaguar chacune, accompagnées de quatre Breguet-Atlantic (lire l’article du quotidien Le Monde du 28 octobre 1977).
Cette opération a été déclenchée en représailles à l’enlèvement par des maquisards séparatistes d’au moins huit Français, dont deux techniciens qui dirigeaient une équipe d’entretien de la voie ferrée Zouérate-Nouadhibou.
Vous avez donc bien lu: enlèvement de huit français par les miliciens du « polisario ».
Or sur cet épisode de l’histoire du conflit, M. l’Ambassadeur a tenté de cultiver l’amalgame en présentant cette opération comme une expression de soutien français au Maroc, alors engagé dans un conflit armé avec la milice séparatiste, soutenue par l’Algérie de Mohammed Boukharrouba, alias Houari Boumediene, la Libye de Mouammar Kadhafi, Cuba de Fidel Castro, etc.
M. Lecourtier a juste oublié de dire aussi que c’est son pays qui a aidé l’Espagne à maintenir son contrôle sur le territoire du Sahara marocain lors de la tristement célèbre opération Ecouvillon, menée du 10 au 24 février 1958 contre l’Armée de libération nationale marocaine. Plus tôt encore, le 3 novembre 1912, pour instaurer son protectorat sur le Maroc, la France avait conclu un accord avec l’Espagne, qui définit les trois zones d’influence espagnole, au Nord, au Sud, et autour de Sidi Ifni.
Passez encore sur l’annexion par la France d’une grande partie du Sahara oriental marocain à l’Algérie. Tindouf, Béchar, Touat, Kenadsa, Gourara, entre autres régions du Sahara oriental marocain, avaient été spoliées par la France au profit de son ex- colonie algérienne.
Il est où donc le prétendu soutien de la France à la marocanité du Sahara, pour ne parler que de cette partie de notre cher pays ? Le soutien au Plan d’autonomie, dites-vous?
On attend mieux de la France, qui ne peut plus traîner les pieds sur un dossier aussi existentiel que le Sahara marocain.
Pour conclure, quoi de mieux que cet appel du Roi Mohammed VI qui résonne encore avec force depuis son mémorable discours du 20 août 2022: « S’agissant de certains pays comptant parmi nos partenaires, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l’affaire du Sahara sont ambiguës, nous attendons qu’ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d’une manière qui ne prête à aucune équivoque ».