Ce Maroc qu’on aime

La crise sanitaire a mis sous les projecteurs les difficultés des couches sociales vivant de petits revenus quotidiens. Confinement oblige, les petits métiers du secteur informel – où la rue remplace le magasin – ont été privés d’accès au monde extérieur.

S/t. Les principaux outils d’aide sociale au Maroc

Rappelons que depuis l’ Indépendance, l’aide sociale a toujours été une préoccupation et que des stratégies volontaristes ont été déployées par l’Etat.

Plusieurs programmes sont opératoires. On les évoquera brièvement sans entrer dans leurs détails.

D’abord, l’ Entraide Nationale lancée en 1957 ciblant déjà la lutte contre la pauvreté et la précarité. Elle dispose de ressources conséquentes.

La Promotion Nationale, créée en 1961, dont le fonds permet de distribuer des revenus en contrepartie de « travaux » aussi bien dans le monde rural qu’urbain.

L’Initiative Nationale de Développement Humain ( INDH) lancée en 2005 qui vise la lutte contre la pauvreté en milieu rural, l’exclusion sociale en milieu urbain et la précarité. Par exemple, pour le soutien aux AGR « activités génératrices de revenus », l’INDH a modifié l’ approche en redonnant l’initiative au bénéficiaire. Elle permet au porteur de projet… selon son savoir-faire ou sa maîtrise… de postuler, à travers une association ou une coopérative.. pour un financement.

Le RAMED (Régime d’Assistance Médicale) lancé en 2002 est fondé sur les principes de l’assistance sociale et de la solidarité nationale au profit des démunis.

Rappelons aussi le rôle de la Caisse de Compensation qui subventionne des produits de première nécessité ( gaz butane, farine, sucre ). Mais les subventions de la CDC ne sont pas réservés aux seuls démunis.

Afin d’optimiser et coordonner tous les types d’aides sociales et pour un meilleur ciblage des bénéficiaires, il a été décidé d’instituer le Registre Social Unique (RSU) dont la finalisation est en cours.

Bien avant la pandémie, le gouvernement réfléchissait à une formule d’ aide directe aux ménages démunis… sur la base d’une étude comparative de l’ expérience de pays comme le Brésil avec ses « bourses familiales » ou l’Inde avec son projet de création d’un revenu minimum garanti pour les Indiens les plus pauvres.

S/t. L’impact d’une forte croissance économique sur les coûts de l’action sociale

Il est évident que si le Maroc avait un taux de croissance par exemple de 8%… ce serait presque le plein emploi! Dans cette hypothèse, les programmes d’aide sociale perdraient de leur urgence et nécessité actuelles. Or le taux de croissance en 2019 a été de 2,7 %… celui prévu pour 2020 de 3,7% va certainement être revu à la baisse.

Rappelons à titre de comparaison les performances de la Chine qui dans les années 80 connaissait une croissance économique dépassant 10% certaines années. Toute la population active était mobilisée.

S/t. Les valeurs du partage dans l’ADN des Marocains

L’ Etat ne pouvant tout faire en raison même des limites des ressources… c’est bien la société civile qui va compléter l’action sociale. Elle le fait naturellement et spontanément.

Les valeurs de solidarité et de partage sont dans l’ADN des Marocains. La solidarité inter-générationnelle au sein des familles est incontestable et réelle.

C’est ce même réflexe de solidarité qui a engendré un tissu associatif fort agissant dans la bienfaisance. Il le fait bien souvent dans la discrétion. Y compris au sein de la communauté des Marocains du Monde qui n’oublient jamais leurs localités et terroirs.

Bien entendu nous écartons ici les « actions sociales » de certains milieux qui exigent une adhésion idéologique ou sectaire. Ceux-la se mettent hors jeu.

Rappelons aussi que c’est ce même sens inné de la solidarité qui détermine à l’international et notamment vers les pays africains amis les programmes de soutien et de coopération initiés par le Souverain.

S/t. Les actions de solidarité face à la pandémie

La pandémie a démontré que la solidarité et le partage ne sont pas des mots vains. Sa Majesté le Roi, les membres du gouvernement, les hauts fonctionnaires, les cadres des ministères, les directeurs des établissements publics, les présidents des grandes entreprises privées, les PME, … et aussi de simples particuliers ont tous contribué au Fonds de solidarité pour la gestion de la pandémie. Avec un important volet dédié à une aide financière aux démunis. Près de quatre millions de ménages vivants du secteur informel sont concernés.

Le secteur agroalimentaire a fait d’importants dons en nature. Farine, sucre, thé, huile, conserves,…arrivent déjà aux portes des maisons des nécessiteux, même dans les zones les plus reculées. Une logistique pilotée par l’administration assure efficacement les flux. Les esprits ont été aussi marqués par de jeunes agents d’autorité faisant des gestes de générosité en tant que citoyens…

S/t. Leçon de la crise, les solutions ne sont pas individuelles mais collectives

Faut-il rappeler ce paradoxe marocain… celui de la « fausse mendicité » (un métier)… où un problème social résulte des réflexes de bonté et générosité des donateurs…? Il faudra y réfléchir !

Bien sûr comme dans toute société y compris dans les pays riches… des questions de justice sociale se posent. Elles ne peuvent être surmontées efficacement que grâce à une meilleure redistribution dans le cadre d’une forte dynamique macroéconomique…

Pour conclure, ce sont tous les outils à visée sociale déployés par l’État et complétés par les élans du coeur de la collectivité qui forgent la paix et la cohésion sociale.

Ce Maroc généreux, partageur qu’on aime… va certainement sortir encore plus solidaire de la pandémie. Une nouvelle citoyenneté peut émerger… Il y a une réelle prise de conscience que l’individualisme mène vers l’impasse. L’interdépendance sociale nourrie de responsabilité est de plus en plus évidente. Chercher son propre bien-être au détriment d’autrui n’ a pas de sens… Les grandes crises nous l’apprennent.
Quand l’ensemble du corps social est menacé…les solutions ne peuvent être que collectives… jamais individuelles. Les Marocains le démontrent.