LA FRANCE TIRAILLÉE ENTRE SON « DROIT AU BLASPHÈME » ET SES « INTÉRÊTS ÉCONOMIQUES »

** L’inflexibilité sur le « droit au blasphème »

Un terroriste de 18 ans, réfugié, d’origine tchétchène, manipulé, assassine un professeur d’histoire. Samuel Paty. Les Musulmans ont dénoncé ce crime barbare.

Certains ont tenu à souligner l’attitude singulière de ce professeur qui s’est aventuré… face à un auditoire d’adolescents… dans des questions dont lui-même n’a pas mesuré la redoutable complexité.

« Le droit au blasphème »… orienté Islam… même sous le paravent de la « liberté d’expression » peut-il faire l’objet d’expérimentations didactiques ou pédagogiques, dans une classe, face à des collégiens de 4ème ! L’École est-elle l’espace approprié pour développer ce type de sujets. Ce n’est ni un cours de math, de physique, de géographie ou de mécanique…

Cela ne justifie en rien le crime, mais s’il y a un réelle volonté de cerner les ressorts de ce drame, la perception des choses doit être ouverte.

Le président Emmanuel Macron avait déjà déclaré à Beyrouth, le mardi 1 septembre 2020 : « Il y a aussi en France une « liberté de blasphémer ». Qui est attachée à la liberté de conscience. Je suis là pour protéger toutes ces libertés ».

Lors de l’hommage rendu au professeur, dans la Cour de la Sorbonne, le 21 octobre 2020, il a rappelé : « Nous défendrons la liberté que vous enseignez si bien et nous porterons haut la laïcité. Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins ».

** La singularité de la France laïque

La France est cohérente avec elle-même quand elle défend les valeurs de la laïcité issue de longs conflits, parfois sanglants, de son histoire. Elle a payé un prix lourd pour cette laïcité car l’Eglise a résisté avant de perdre le combat.

Il est aussi évident que les Musulmans vivant en France doivent se plier au droit français et aux particularités socio culturelles de ce pays…

Mais au-delà de sa situation interne… la France « officielle » ne cesse de multiplier des déclarations… au nom des « lois de la République… pour inciter les pays musulmans de la planète… à accepter les plus hautes formes de la dérision, du sarcasme, de la moquerie, de l’insulte et de l’injure ciblant leurs sacralités et leur foi !!

Autrement dit, on veut faire comprendre aux Musulmans: le « droit au blasphème » fait partie de notre liberté d’expression, de nos valeurs. Si vous vous sentez blessés… apprenez à vivre avec!! ».

**D’autres visions du monde et d’autres types de spiritualité

Le monde n’est pas la France et il ne s’agit pas ici d’une « querelle franco-française » entre l’Église et l’État… entre les « religieux » et les « laïcs »… Un schéma qu’on pourrait « plaquer » par analogie au reste de la planète. Ce sont d’autres cultures, d’autres visions du monde, d’autres types de spiritualité…

La désinvolture, les raccourcis et l’association entre l’Islam, une religion de Paix… et le terrorisme… ne sont plus acceptables. Le terroriste, individu déréglé mentalement ne représente que lui-même… que sa démence. Ses premières victimes sont les Musulmans partout dans le monde.

Des millions de Musulmans souffrent aussi de l’obscurantisme et de l’intégrisme d’une minorité qui fait des lectures déformées de l’Islam.

Le « vivre-ensemble » est un principe constamment rappelé en France qu’elle doit aussi faire valoir dans ses relations internationales. Plusieurs s’interrogent si l’inflexibilité laïcarde et la rigidité laïciste dans l’application du « droit au blasphème » ne fait pas partie de ces bûches qui attisent le feu.

**Le blasphème vu par les pays européens

Il est frappant que ce type de débat n’existe pas dans d’autres pays européens. « L’insulte aux croyances religieuses » est punie en Allemagne par le Code pénal.

Guido Westerwelle, ex-ministre allemand des Affaires étrangères, a donné son avis en 2006 sur les caricatures de Charlie Hebdo: « La liberté c’est aussi la responsabilité (…) parfois la question n’est pas de savoir si on a le droit de faire quelque chose mais de savoir si on doit le faire. La liberté d’opinion ne signifie pas le droit d’insulter ceux qui ont une autre religion ou une autre opinion et de troubler ainsi sciemment la paix publique.

D’autres pays comme l’Italie, la Pologne, la Suisse, la Grèce, l’Irlande, l’Autriche, le Brésil et aussi l’Inde… sanctionnent le blasphème et protègent le sentiment religieux.

Même au Danemark pays du journal « Jyllands-Posten (JP) » qui a publié le premier ces « funestes caricatures », ils ne veulent plus parler de ce sujet. Un sondage a montré qu’une majorité de Danois sont opposés à la reproduction de ces dessins.

Le journal a affirmé qu’il ne republiera plus jamais ces caricatures, dont il détient les droits, ni au Danemark ni à l’étranger… « Aucun dessin ne vaut une vie humaine », souligne aujourd’hui la rédaction du journal « Jyllands-Posten (JP) »…

** La France face aux réactions du monde musulman

Le Vatican a une position claire à ce sujet. Le Pape François a précisé que « la liberté d’expression ne doit pas servir de prétexte pour insulter la foi d’autrui et que chaque liberté s’arrête là où commence une autre, en l’occurrence la liberté de religion ».

Cette formulation rejoint celle du Maroc qui, avant-hier dans un communiqué du Ministère des Affaires Etrangères, a dénoncé fermement ces dérives blasphématoires et inutiles.

Pour le Maroc, ces actes reflètent « l’immaturité » de leurs auteurs et réaffirment que la liberté des uns s’arrêtent là ou commencent la liberté et les croyances des autres.

Aujourd’hui, la France surprise par les réactions du monde musulman qui appelle au boycott des produits français (des appels qui évidemment ne font pas l’unanimité au sein des pays musulmans !) a publié une déclaration qui n’a rien réglé. Au contraire l’infantilisation du « Musulman » est encore insinuée.

La France estime, sur un ton impératif, que les appels au boycott sont sans aucun objet et doivent cesser « immédiatement ». Elle appelle les autorités des pays concernés à se désolidariser de tout appel au boycott.

Apparemment, la France ne veut pas encore admettre qu’il y a des « sociétés civiles » dans les pays musulmans qui expriment leur ressenti sur toutes les questions qui les interpellent. C’est encore une vision « irrespectueuse », la même que celle qui nourrit cette rigidité unique au monde sur le « droit au blasphème ».

Il y a tant de choses qui nous font aimer la France… mais ce n’est certainement pas cet aspect…