S/t Le seuil de l’exaspération
L’épisode «Mchti Fiha» du samedi 9 mai a atteint le seuil de l’intolérable aussi bien pour le public que pour la chanteuse en herbe, Ikram Elabdia (23 ans), piégée et stressée, face à des Lions, dans la réserve naturelle de Bandia au Sénégal. A 65 km de Dakar!
Au-delà même d’une supposée connivence… la peur d’Ikram était telle qu’elle ne cherchait qu’à fuir. A 4 mn et 26 s de l’épisode, la jeune chanteuse a couru, hystérique et paniquée, vers une direction non prévue par l’équipe de tournage. Les «animateurs -provocateurs» ont eu de la peine à la rejoindre et la rassurer.
Si les concepteurs de ce programme continuent à gérer avec «amateurisme» des idées extrêmes, en faisant preuve d’irresponsabilité, ils risquent un jour d’aller vers l’accident réel !
S/t Un titre maladroit
« Mchiti Fiha » est un titre maladroit et presque immoral. Il diffuse la culture du « piège » à autrui, les valeurs du « traquenard » et de la «souricière». Un titre négatif, pour un programme «supposé de famille» en prime time.
C’est une caméra cachée qui ne vise pas l’humour destiné au grand public. Les auteurs déploient «toutes leurs énergies» pour provoquer la grosse peur, la frayeur et la panique chez la victime. C’est le cœur de leur démarche! Les besoins du public sont oubliés. Or la «caméra cachée de la peur et du cauchemar» n’est pas une nécessité car il y a d’autres déclinaisons plus fines et paisibles du concept.
S/t L’humour est secondaire
Après une journée de jeûne, on est beaucoup plus prédisposé à la quiétude, la bonne humeur, la distraction … et non pas pour devenir témoin de harcèlement, pression, violence psychologique, provocations grossières et souvent dénigrement,… Des méthodes qui posent aussi la question de la «dignité» des personnes piégées.
En méconnaissance totale du public cible et de ses goûts, les auteurs ont estimé qu’ils allaient «mettre les rieurs de leur côté». Erreur ! Il n’y a ni humour, «mout3a», ou spectacle.
S/t «Voyeurs», «Regardeurs» ou «Spectateurs»
Au contraire, le spectateur est sidéré face aux outrances. Certains disent que « Mchiti Fiha » intéresse les gens comme le ferait un « accident de circulation » qui attire des « voyeurs » …
On nous parle de millions de spectateurs. Leur nombre reste un «critère quantitatif». Où sont les mesures pour connaître le «degré de satisfaction» du téléspectateur ? Un programme télé est suivi pour des dizaines de raisons… mais cela ne signifie jamais «satisfaction unanime» de tous !
Les téléspectateurs de «Mchti Fiha» deviennent des «regardeurs», des «observateurs» motivés par une «curiosité» presque malsaine, accompagnée de sarcasme et raillerie..
S/t Un concept indéfinissable et des moyens disproportionnés
Mchtin Fiha mélange le principe de la «caméra cachée» avec tant d’autres imitations, pastiches et références qui aboutissent à la dispersion.
Ça va dans tous les sens. «Fort Boyard» et ses animaux sauvages… des scènes costumées d’époque, avec des dizaines de figurants… des combats d’épées… des cascades dans les studios de Ouarzazate… de pseudo tournages de clips vidéo de musique … le safari dans une réserve naturelle …
Et aussi ces séquences à Ouarzazate, avec des victimes pensant jouer dans une super production ou une pub. Elles se retrouvent attachées par des cordes et placées dans un baril… pour être « cuites » à petit feu. Bien sûr, les légumes n’ont pas été oubliés!!
Le manque d’inspiration a été compensé par un grand étalage de moyens. On n’a jamais vu un programme de ce genre mobiliser autant de moyens. Y compris des drones, des bateaux, des zodiacs… On imagine les coûts!
Une caméra cachée «totalitaire» mixant plusieurs genres. Un OVNI audiovisuel où tout le monde crie et hurle sur une musique assourdissante… Et cette agaçante voix-off qui fait de « l’explication de texte » infantilisante !
S/t Un produit non exportable
Un des critères de la réussite d’un programme TV est de savoir aussi s’il est exportable ou non. Même sans grands moyens, une créativité télévisuelle de qualité, peut toucher tous les publics. «Mchiti Fiha» est quasiment non exportable.
Et pourtant la «caméra cachée» canadienne « Juste pour Rire», avec son humour fin est bien programmée sur 2M.
Créée il y a 20 ans, elle a été vendue à plus de 100 pays. Le slogan de «Juste pour Rire» c’est «Rendre les gens heureux. L’ humour, c’est sérieux».
Une situation comique simple mettant en scène un «passant anonyme». Pas de dialogue. Que de la musique et des effets sonores. Tout le monde comprend et adhère.
Prenez-en de la graine… et elle coûte trois fois rien!
