On a souvent cru que le danger venait du côté est de la frontière du Maroc, où la l’animosité envers les Marocains est institutionnalisée dans les manuels scolaires, les mosquées, les médias, pour ne pas se limiter à une sphère politique biberonnée à la haine contre l’éternel « ennemi L’Marrok ». Pourtant, l’inimitié que vouent une grande partie des Espagnols aux Marocains n’a rien à envier à celle de nos « frères » algériens.
Il est vrai que, côté politique, cette animosité est variable et proportionnée selon que l’on soit au gouvernement ou dans l’opposition, encore que la parti d’extrême-gauche, Podemos, a tordu le cou à cette tradition, quand son chef, Pablo Iglesias, vice-président de l’actuel gouvernement de gauche, s’est rappelé à notre triste souvenir un certain 15 novembre, au lendemain de l’intervention des FAR à El Guerguarat, via un tweet où il a tenté insidieusement de remettre au goût du jour le pourtant (défunt) principe du « référendum d’autodétermination », lequel a été enterré par le Conseil de sécurité il y a maintenant vingt ans (l’An 2000).
Il est vrai aussi que les officiels espagnols lancent, de temps à autre, des déclarations « politiquement correctes » en réitérant le couplet de « l’excellence des relations hispano-marocaines », de « l’exemplarité » de la coopération hispano-marocaine, surtout quand il s’agit de louer les efforts du « gendarme de l’Europe » pour endiguer l’hémorragie de l’immigration, sans compter l’aide substantielle apportée par les services marocains à leurs homologues espagnols en matière de lutte antiterroriste.
Ces déclarations lénifiantes ne sauraient escamoter le poids des malentendus qui pèsent sur les relations entre Rabat et Madrid, comme en témoignait il y a quelques semaines la sortie publique peu diplomatique, inappropriée, voire agressive de la MAE espagnole, Arancha Gonzalez Laya, quand, au lendemain de l’annonce de la reconnaissance US de la marocanité du Sahara, jeudi 10 décembre 2020, elle s’était manifestée dans un média espagnol pour avouer, -et quel aveu!-, que l’Espagne avait aussi « des intérêts au Sahara occidental », oubliant à l’insu de son gré le fameux « droit à l’autodétermination » curieusement applicable au « Sahara occidental » et non à la Catalogne où toute velléité indépendantiste équivaut à des bastonnades, quand ce n’est pas des années d’emprisonnement…
On aura tout vu et tout entendu…
Mais passons, car en politique, il s’agit d’intérêts à défendre, encore que dans le cas espagnol, la manière a toujours fait défaut, tant et si bien que certains affichent ouvertement aujourd’hui l’arme du chantage, sur la première cause des Marocains, leur souveraineté sur leurs provinces sahariennes.
Mais passons encore, car, au-delà de cette légendaire sensibilité espagnole pro-« sahraouie », il y a disions-nous plus haut cette inimitié irrationnelle et injustifiée envers les Marocains. Le poids des préjugés anti-marocains est tel que les médias espagnols, à quelques rares exceptions, semblent s’être passé le mot pour dire tout le mal qu’ils pensent des Marocains et de leur pays. Il ne se passe presque pas un jour sans que l’un des titres espagnols distille son venin sur le Maroc, y compris ces correspondants des médias ibériques accrédités à Rabat, à leur tête l’agence EFE, dont le directeur Javier Otazu, ou encore cette dénommée Sonia Moreno, entre autres « envoyés spéciaux », se découvrent cette étrange vocation d’opposants aux institutions du Maroc, dont la plus haute autorité du Royaume.
Cette animosité structurelle est « accueillie » par une grande incompréhension, pour ne pas dire de l’indignation, par le commun des Marocains, qui sont nombreux à se demander: pourquoi tant de haine envers leur pays?
Le temps est venu pour que l’Espagne change de politique à l’égard de son voisin du sud. Entre intérêts solides et sordides, Madrid ne devrait pas avoir l’embarras du choix.
Il ne faut pas insulter l’avenir.