Ahmed ATTAF, qui a été nommé aujourd’hui nouveau ministre des Affaires étrangères, en remplacement de Ramtane Lamamra, n’a jamais fait mystère de sa volonté de rétablir la relation de son pays avec le Maroc. Ancien MAE sous Liamine Zéroual, il avait préconisé la fermeture de la frontière algéro-marocaine en 1994, mais il a déploré après l’absence d’efforts pour débloquer la situation. « C’est moi qui ai rédigé la note » préconisant cette décision. « C’était une riposte » au rétablissement des visas par les autorités marocaines », avait-il reconnu. « Cette mesure avait été prise comme ultime recours », a-t-il ajouté.
En 1998, alors qu’il était encore ministre des Affaires étrangères, M. Attaf avait invité le Maroc à « s’asseoir autour d’une table et discuter » pour régler le « contentieux » entre les deux pays. « L’approche marocaine est parcellaire, à savoir ouvrir les frontières et supprimer les visas. Nous pensons du côté algérien à une approche globale pour prendre à bras le corps l’ensemble des dossiers qui composent la relation algérois-marocaine », avait-il ajouté sans préciser la nature de ces dossiers. Toujours selon M. Attaf, Rabat avait accepté cette « approche globale » mais « malheureusement il y a eu un changement d’attitude de la part des responsables marocains ».
M. Attaf et la question du Sahara marocain
« L’affaire du Sahara occidental n’est pas un élément dans les relations algéro-marocaines. C’est un dossier séparé et distinct pour la simple raison d’ailleurs qu’il est pris en charge par d’autres cadres », notamment l’ONU, avait allégué M. Attaf, dans un entretien au quotidien « Liberté ». « Dans cette affaire du Sahara occidental, c’est la communauté internationale qui est engagée. Les Nations Unies ont pris en charge le dossier. Dire que l’Algérie est derrière le dossier, c’est lui faire un faux procès », avait-il encore allégué.
Ces allégations en trompe-l’oeil ne sauraient évidemment duper sur les véritables visées d’Alger sur le Sahara marocain. Et ce n’est surtout Abdelaziz Bouteflika qui nous contredira. « Le 2 décembre 2001, lors des pourparlers tenus à huis clos à Houston, sous l’égide de James Baker, alors Envoyé personnel du SG de l’ONU, feu Kofi Annan, l’ancien président algérien avait proposé « la partition du territoire et de la population du Sahara ». « Cette proposition est la négation même du principe de l’autodétermination et du mythe «du territoire et du peuple sahraouis », avait dénoncé l’ambassadeur représentant du Royaume du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale, devant le Comité 24, réuni à la mi-juin 2019 à New York.
« L’Algérie a une responsabilité flagrante. L’Algérie finance, l’Algérie abrite, l’Algérie arme, l’Algérie soutient diplomatiquement le Polisario », avait affirmé le Roi Mohammed VI au secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un message qui lui avait été remis le 4 avril 2018 par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita.